Terrain miné pour les MRAP

Le conseil municipal de Davis, ville tranquille de Californie, a mis les pieds dans le plat : il a donné 60 jours au chef de la police locale pour se débarrasser du MRAP cédé par le Pentagone. En un peu plus de dix ans de guerre en Irak et en Afghanistan, l’US Army a reçu un peu plus de 27.000 MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) pour un coût total estimé à plus de 45 milliards de dollars ! Il lui faut maintenant trouver une utilité à cette montagne de ferraille montée sur roulette. Devant le coût prohibitif de leur rapatriement, une bonne partie des véhicules a été laissée sur place pour y être démantelée ou mis en service dans les armées locales. Les Américains souhaitent également garder une flotte de 3000 MaxxPros et 5600 autres camions made in Oshkosh. Et puis le choix a été fait de distribuer quelques centaines de véhicules, pratiquement neufs, aux forces de police municipales aux Etats-Unis. Et c’est bien là que ça coince, la militarisation des polices américaines rendue possible par l’arrivée massive de surplus des guerres d’Irak et d’Afghanistan commençant à soulever un vent de fronde. La seule Californie a par exemple reçu 8500 fusils d’assaut, 7000 paires de JVN et une cinquantaine de véhicules blindés  depuis 2007. Depuis le mois d’août, pas moins de 165 MRAP ont été distribués à différents services de police à travers le pays et très souvent dans des villes de taille réduite, avec un faible taux de criminalité. Les services de police justifient l’emploi des MRAP par la nécessité de faire face à des situations d’urgence, par la violence des gangs liés à la drogue ou encore en évoquant le spectre d’un terrorisme « domestique ».  Certains évoquent même la possibilité d’utiliser ces camions de 30 tonnes dans le cadre de catastrophes naturelles, ce qui ne manque pas de sel, les MRAP n’ayant jamais vraiment brillé par leurs capacités tout-terrain… La crainte des opposants est revanche que la possession de ces engins incite la police à les utiliser dans des situations sans réel rapport avec  leurs capacités, par exemple pour faire du maintien de l’ordre.