Pas d’inquiétude pour le transport stratégique français à court terme

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Mobilisés du Sahel à la Roumanie par la France, les avions de transport An-124 du programme SALIS de l’OTAN ne sont pas menacés pour l’instant. Si leur soutien venait à faire défaut en raison de la guerre en Ukraine, les militaires français pourraient compter sur les capacités similaires dont disposent certaines armées alliées, estime l’état-major des Armées (EMA).

« L’Europe prend conscience de ses dépendances stratégiques », déclarait aujourd’hui la ministre des Armées Florence Parly lors d’un discours prononcé à l’École polytechnique. Parmi les trois dépendances présentées l’une relève du transport stratégique, « avec l’impossibilité à moyen terme d’utiliser les célèbres avions Antonov, de conception ukrainienne, pour transporter nos matériels les plus volumineux, car la maintenance de ces avions était assurée en Ukraine ».

La ministre des Armées se veut néanmoins rassurante. « Pour le moment, nous les utilisons toujours, sans encombre, notamment pour désengager nos opérations de Barkhane au Mali », a-t-elle ajouté. Même son de cloche de la part de l’état-major des Armées (EMA). « À ce stade, nous ne voyons pas d’entraves à court terme sur l’utilisation des Antonov », déclarait cet après-midi son porte-parole, le colonel Ianni.

Non associée au programme Strategic Airlift Capability (SAC) de l’OTAN, la France pourrait néanmoins faire appel à d’autres forces armées, souligne l’EMA. « Pour tout ce qui concerne le transport stratégique par gros porteurs, nous avons certes les Antonov, mais nous avons aussi des alliés qui ont des C-17 et qui nous ont fait des offres de service », complète le colonel Ianni. Le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada, notamment, ont déjà déployé leurs C-17 pour appuyer les opérations françaises au Sahel.

Partenaire de la première heure, le Canada est présent au Sahel dès 2013 dans le cadre de l’opération Frequence. Principalement effectué par CC-177 Globemaster III, cet appui logistique ponctuel s’est traduit une vingtaine de liaisons aériennes réalisées au profit de l’opération Barkhane depuis 2018. Il est toujours d’actualité, avec au moins un vol réalisé depuis le 1er janvier 2022 correspondant à 22 tonnes de fret.

Ces avions, bien qu’indispensables, ne sont pas le seul moyen utilisé pour désengager une partie du dispositif Barkhane. Selon l’EMACOM, « l’évacuation des matériels du Mali sera multimodale et se fera aussi bien par convois routiers, à la fois civil et militaire ou civilo-militaires, que par voies aériennes ». Les matériels seront ensuite rapatriés par voie maritime une fois qu’ils auront atteint les grands ports de la façade occidentale de l’Afrique.