OP²EX.ia, un projet d’intelligence artificielle pour accélérer la préparation de mission

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Et de deux. Le cluster d’innovation Aliénor de la DGA vient d’émettre un second appel à manifestation d’intérêt en à peine 18 mois d’existence. Parmi les quatre nouveaux projets soumis aux acteurs industriels et académiques, l’un propose de recourir à l’intelligence artificielle pour appuyer le processus de préparation de mission.

Des analyses « longues et fastidieuses »

La préparation de la seule phase « sol » d’une mission peut nécessiter l’intervention « d’une cellule d’une dizaine de personnes analysant les images satellites très haute définition ainsi que la topographie du terrain pour extraire les informations pertinentes », relève la DGA.

La multiplication des acteurs, des moyens et des informations, de même que la complexité des missions impliquent des phases d’analyse « longues et fastidieuses », ajoute la DGA. Or, le facteur temps est d’autant plus crucial qu’il conditionne les impératifs de souplesse et de réactivité des forces spéciales et groupes commando.

Le projet « Outil de Préparation de mission et de Prévisualisation de l’Environnement eXtérieur grâce à l’Intelligence Artificielle » (ou OP2EX.ia) propose d’y remédier en confiant une partie de ces tâches à l’IA. Une fois développée et entraînée, celle-ci pourra extraire et analyser l’information puis proposer des solutions pertinentes de manière quasi instantanée.

« Grâce à cet outil, la préparation sera plus efficiente et plus standardisée. La cellule Renseignement de la Task Force sera ainsi recentrée sur son travail à forte valeur ajoutée d’analyse tactique », résume la DGA. Les phases de préparation seront donc réduites, de même que le temps avant intervention.

Des fonctions multiples

Le cas d’usage envisagé, régulièrement exécuté en opération extérieure, est celui de l’intervention héliportée d’un groupe de commandos conjugué à l’établissement d’un point de ravitaillement par avion de transport tactique ou hélicoptère lourd type Chinook. OP2EX.ia aurait dans cas une triple fonction.

À charge de l’IA de, premièrement déterminer les lieux de poser idéaux pour des hélicoptères et aéronefs de tailles différentes en analysant la topologie et la praticabilité du terrain. Le système devra ensuite faciliter l’infiltration des commandos et la coordination 3D en numérisant les différents itinéraires possibles jusqu’à la zone d’action.

Parmi les cas d’usage d’OP²EX.ia, la préparation de missions héliportées comme celles menées au Sahel par le Groupement tactique désert aérocombat (GTD-A), ici armé par le 5e RHC (Crédits : EMA)

Enfin, OP2EX.ia identifiera les dangers et obstacles éventuels rencontrés sur le trajet, de la clôture à la coupure humide en passant par un checkpoint tenu par l’adversaire. Une logique qui pourrait optionnellement être élargie à la détection, à l’identification et au comptage de véhicules, personnels et armements présents sur la zone d’action.

OP2EX.ia doit pouvoir réaliser ces tâches à partir de plusieurs types d’images, dont l’imagerie satellite, et de modèles numériques de terrain. Le gain de temps étant le principal effet recherché, la DGA exige de l’IA qu’elle soit a minima en mesure de traiter une zone d’un km2 en moins de 20 minutes.

Restent deux semaines aux entreprises intéressées pour soumettre leurs idées. Celles-ci seront étudiées par l’ensemble du cluster Aliénor : DGA Essais de missiles et DGA Essais en vol, l’Atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux (AIA), le Centre d’expertise aérienne militaire (CEAM) et le 13e régiment de dragons parachutistes.

L’IA, « un enjeu de souveraineté essentiel »

Derrière l’exemple d’OP2EX.ia, c’est tout le ministère des Armées qui s’est aujourd’hui mis « en ordre de bataille pour saisir toutes les opportunités de l’intelligence artificielle et pour rejoindre les leaders en la matière », rappelait hier la ministre des Armées Florence Parly lors d’un point d’étape sur la feuille de route de l’IA de défense, présentée en avril 2019.

Entre autres applications, l’IA doit faciliter le traitement massif des données, notamment satellitaires. « Les armées, nos services de renseignement, la direction générale de l’armement, ont bien saisi l’impérieuse nécessité de les structurer, les analyser, les corréler, pour en extraire le renseignement dont nous avons besoin, optimiser nos capteurs, gagner en performance grâce à la maintenance prédictive ou encore aider à la planification de nos missions », soulignait-elle.

En l’espace de deux ans, le ministère des Armées estime avoir « créé et fédéré tout un écosystème de l’intelligence artificielle de défense en France » et « avancé à pas de géant pour bâtir une intelligence artificielle de défense de confiance ».

L’effort financier consenti, supérieur à 500 M€ d’ici à 2025, soutiendra aussi les ambitions en matière de recrutement. Plus de 70 spécialistes en IA ont été engagés depuis 2019. Ils seront 200 en 2023, annonce Florence Parly.