Alors que la commission d’élaboration du nouveau Livre Blanc devrait être nommée dans les jours ou semaines à venir, le CIDEF (Conseil des Industries de Défense Françaises), regroupant l’ensemble des groupements professionnels du secteur industriel de défense (GICAT pour le secteur terrestre, GICAN naval et GIFAS aéronautique) souhaite se faire entendre! Le CIDEF a opportunément remis il y a quelques jours au gouvernement son Livre Blanc. « L’industrie de défense est pour la France un atout » a débuté ce matin durant une conférence de presse son Président Christian Mons (PDG de Panhard, président du GICAT et du CIDEF).
« Une force pour la France » a-t-il poursuivit. En quelques chiffres, l’activité industrielle défense en France, c’est 17,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 165 000 emplois. Dans les régions, l’activité défense représente en Ile de France 12% des industries, 20% en PACA; 10% en Bretagne et région centre; 11% en Aquitaine.
« Il faut au moins un milliard d’euros en R&T«
A l’heure où la nouvelle équipe politique se met en place et que les arbitrages budgétaires vont tomber, le CIDEF lance donc son appel au gouvernement: il faut établir un partenariat, un renforcement des relations entre l’État et son industrie de Défense. Notamment sur l’effort en Recherche et Technologies (R&T), ces études amonts financées par l’Etat, « seul moyen de procurer un avantage technologique aux industries permettant de conserver leur compétitivité face aux marchés émergents. » L’État doit y jouer son rôle et le CIDEF demande qu’il investisse à hauteur d’au moins un milliard d’euros par an en R&T. A titre de comparaison, en 1990, l’investissement étatique dans la R&T était de 1,7 milliard, il a aujourd’hui chuté à moins de 700 millions d’euros.
Le président du CIDEF demande aussi à l’État de soutenir d’avantage son industrie à l’export. « Représentant de 30 à 40 % de son activité, l’export est un complément indispensable ». Les industriels souhaitent la constitution de cellules militaires dans les ambassades françaises avec des équipes « motivées » et aptes à présenter efficacement les matériels en service, à l’instar de la Grande Bretagne ou des États-Unis. La critique est à peine voilée…
Autre revendication ancienne mais toujours d’actualité, Christian Mons s’est encore plaint de la lourdeur administrative française d’exportation d’armes « la CIEEMG (commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre) traite 600 dossiers par mois, dont la plupart pour des pièces de rechanges pour des pays amis (…). Alors qu’aux États-Unis en moyenne, obtenir une licence d’exportation prend 19 jours, elle atteint 45 jours en France. Et une décision peut parfois prendre plusieurs mois. »
Le message est donc clair. Le nouveau ministre Jean-Yves le Drian serait d’ailleurs « sensible à l’industrie de défense qu’il connait bien », a assuré Eric Trappier du GIFAS. Reste que l’on imagine mal, dans un contexte budgétaire aussi tendu, le gouvernement investir dans un domaine qu’il ne juge pas « prioritaire ».