L’IOC pour un projet PESCO de réseau logistique européen

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Un projet européen d’harmonisation de la logistique militaire a récemment atteint le stade de la capacité opérationnelle initiale (IOC). Piloté par l’Allemagne, la France et Chypre dans le cadre de la Coopération structurée permanente (PESCO), « LogHubs » vise à communaliser certains pôles logistiques nationaux pour accélérer le soutien et la projection des forces armées européennes.

LogHubs, ou « Network of Logistic Hubs in Europe and Support to Operations », est l’un des 17 projets PESCO adoptés en mars 2018 par le Conseil européen. Il comprend la constitution d’un réseau de dépôts et centres de maintenance (« hubs ») qui, une fois adossé au système de transport multimodal européen, pourront accueillir du matériel pré-positionné par d’autres armées et offrir des services de maintenance. Au bénéfice, à terme, d’une projection plus efficace, plus fluide, et, in fine, plus rapide des troupes et des équipements lors d’exercices ou d’opérations européennes, de l’OTAN ou des Nations Unies.

Ce programme avait subit un premier test opérationnel en novembre 2019, lorsque les hubs allemand et lituanien avaient été activés en coordination avec les Pays-Bas et la Belgique dans le cadre de la posture Enhanced Forward Presence (eFP) de l’OTAN. Deux expérimentations supplémentaires ont eu lieu en août et septembre de cette année, cette fois par l’activation du centre logistique polonais de Kutno au profit de la mission Forward Air Policing de l’OTAN.

Après plus de trente mois de montée en puissance, l’IOC a été officiellement prononcée le 16 novembre par l’Allemagne. « Le projet et le réseau ont atteint leur capacité opérationnelle initiale à temps », a déclaré à cette occasion le général allemand Volker Thomas, chargé du commandement logistique de la Bundeswehr. En franchissant ce cap, LogHubs devient presque irréversible au moment opportun car, selon le ministère de la Défense allemand, les dossiers PESCO n’ayant pas atteint les résultats escomptés en 2021 seront absorbés par d’autres ou simplement arrêtés.

L’un des nouveaux chariots élévateurs Hyster opérés par le hub allemand de Pfungstadt (Crédits : Bundeswehr/Anne Weinrich )

Une version initiale du portfolio capacitaire de LogHubs a également été publiée le mois dernier, dans laquelle sont présentées les contributions des 13 nations ayant d’ores et déjà parachevé la mise à disposition de leur hub. La Slovaquie a rejoint le peloton à la fin du mois de novembre, tandis qu’un document cadre reprenant les procédures et paramètres directeurs est maintenant en cours de finalisation. Exercices et évaluations opérationnelles vont se poursuivre pour que LogHubs soit totalement opérationnel dans trois ans. « L’utilisation future du réseau et de ses hubs sera un facteur important de pertinence et de crédibilité. Ouvrons donc la voie à une pleine capacité opérationnelle (FOC) en 2024 », ajoutait le général Thomas.

Pour les nations contributrices, la poursuite de LogHubs se traduit aussi par des investissements parfois conséquents. C’est le cas de l’Allemagne, prévoit d’allouer jusqu’à 210 M€ pour notamment rénover et agrandir la plateforme logistique de Pfungstadt, dans la Hesse. Environ 9 M€ ont déjà été débloqués pour l’acquisition de nouveaux chariots élévateurs porte-containers Hyster. Suivront l’installation de nouveaux scanners à rayon X nécessaires pour l’inspection du fret aérien.

Le gain en terme de mobilité s’annonce majeur mais LogHubs, malgré ses quinze participants, ne peut exploiter tout l’espace géographique européen. « Ce sont – du moins pour l’instant – des régions entières qui restent déconnectées du réseau ». De l’ensemble des pays baltes et nordiques par exemple, pourtant si importants en raison de leur proximité avec la Russie, seule la Lituanie s’est jusqu’à aujourd’hui impliquée dans le processus. L’annonce d’une capacité initiale et les perspectives annoncées par les coordinateurs du projet participeront sans doute à convaincre les indécis.