L’Europe débloque 25 M€ pour progresser sur le véhicule de combat d’infanterie de demain

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La quatrième vague de projets de R&D soutenus par le Fonds européen de la défense (FEDef) est sur les rails, et avec elle une initiative visant à plancher sur le véhicule blindé de combat d’infanterie (ou AIFV) de demain. 

Huit appels à projets répartis en 32 thématiques se partageront une enveloppe de 1,1 Md€ octroyée cette année par l’Europe au travers du FEDef. Parmi les plus soutenus, le segment du combat terrestre bénéficiera de 130 M€ pour progresser sur quatre axes, dont celui des AIFV de nouvelle génération.

« Les véhicules blindés de combat d’infanterie (AIFV) restent un élément central de la manœuvre militaire terrestre, aussi bien dans un contexte de guerre conventionnelle qu’asymétrique, grâce à leur combinaison de protection, de mobilité et de puissance de feu », rappelle la Commission européenne. 

Parfois vieillissantes, parfois obsolètes, certaines flottes en service nécessitent d’être modernisées ou remplacées, estiment les autorités européennes. « Il est également nécessaire d’accélérer l’acquisition et d’augmenter la taille des flottes d’AIFV pour répondre à certaines des nouvelles exigences liées à la guerre en Ukraine et aux nouveaux scénarios de menaces », complètent-elles. 

Ce renouvellement « absolument nécessaire », l’Europe en soutiendra l’amorçage à hauteur de 25 M€. De quoi alimenter des activités d’étude et de conception, voire de prototypage. Une série d’enjeux doivent guider la démarche industrielle : la modularité, la réduction de la charge cognitive de l’équipage, l’intégration de systèmes automatisés, la collaboration entre plateformes habitées et non habitées, et l’accroissement de la survivabilité. 

À charge des entreprises de proposer une ou plusieurs solutions parmi le panel d’exigences fonctionnelles exprimé. Hormis des performances « classiques » d’agression, de mobilité et de protection, le projet propose d’explorer des pistes stimulées par l’actualité telles que l’évolution vers un système optionnellement habité, l’auto-protection contre les drones, la détection automatique de menaces, la capacité à opérer hors-GNSS ou encore de se mouvoir sans bruit sur au moins 10 km et d’assurer une veille silencieuse sous faible signature thermique durant au moins 24 heures. 

L’effort pourrait profiter au VBCI de Nexter (KNDS France), seul AIFV en service dans l’armée de Terre. Éludée par la loi de programmation militaire 2024-2030 et dans les débats qui l’ont entourée, l’éventuelle rénovation à mi-vie du VBCI reste dépourvue de périmètre et de calendrier. Néanmoins, et si l’opération d’armement VBCI est close depuis 2022, une « mise à hauteur » pourrait intervenir dans le cadre de nouveaux incréments du programme SCORPION, au même titre que le développement et l’acquisition de l’engin du génie au combat (EGC) et du véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE).

D’autres appels à projet relèvent des domaines terrestres et aéroterrestres, pour partie inscrits dans la continuité d’initiatives en cours. Ainsi, 25 M€ seront consacrés à la poursuite des recherches en matière d’engagement d’une cible au-delà de la vue directe (BLOS), projet qui se veut complémentaire de ceux lancés en 2020 (LynkEUs) et 2022 (MARSEUS). Idem pour le sujet « next generation rotorcraft » (NGRT), crédité de 100 M€ et lié au projet ENGRT engagé en juillet 2022 sous la houlette d’Airbus Helicopters.

Sauf accélération, la phase de remise des offres devrait démarrer avant cet été et se clôturer à l’automne prochain. Les projets sélectionnés seraient annoncés environ six mois plus tard pour une contractualisation réalisée en fin d’année 2025. 

Crédits image : armée de Terre