Un communiqué de Renault Trucks Defence (RTD) du 30 novembre, rapporte un achat en urgence opérationnelle (procédure d’acquisition en urgence) lancé le 15 juin dernier, pour le missile terrestre Javelin. Selon RTD, ce « crash programme » vise à l’installation de kits d’intégration du système de missile Javelin sur les Véhicule de l’Avant Blindés (VAB). « L’intégration sur ce véhicule de transport de troupes blindé va faciliter l’emploi sur le terrain de ce système d’armes par les unités de l’armée de terre déployées en Afghanistan ». Il permettra le transport de six missiles, deux postes de tir et deux trépieds à l’intérieur du VAB. Cette intégration est en cours de réalisation par les utilisateurs sur place, dans des VAB Eryx déjà déployés sur le théâtre. Les dix kits ont été livrés depuis le site de Fourchambault de Renault Trucks Defense, le 14 octobre dernier indique le communiqué.
Rappelons que 260 missiles antichar et 76 lanceurs associés avaient été commandés par la France pour 70 millions de dollars aux industriels américains (Raytheon et Lockheed Martin) en 2010. Cette commande répond à un besoin exprimé par les forces françaises engagées en Afghanistan, d’avoir rapidement pour l’Afghanistan un missile terrestre portable à dos d’homme. Les systèmes Javelin sont utilisés depuis cette années sur le théâtre afghan par les français.
Cette « urgence ops » concerne donc 20 lanceurs sur 10 VAB. Ces kits faciliteront le transport du missile, qui est mis en œuvre par l’infanterie, mais vont aussi lui permettre de ne pas souffrir des conditions de transport. Car le Javelin est un missile fragile. Sensible au choc, il souffre également des température élevées ou de l’humidité. Des conditions qui ont déjà provoqué quelques ratés, notamment en Irak quand il a été employé par les forces britanniques. D’où la nécessité d’un moyen de transport adapté le protégeant. Ce défaut avait déjà été évoqué par l’armée de sa Majesté, qui l’utilise depuis 2005.
Reste que les enseignements de son engagement sont bons. Même si l’armée de terre a très peu communiqué sur cette nouvelle arme. Le Javelin est jugé particulièrement efficace contre du personnel et des bâtiments, et ce jusqu’à 2,5 km. Il bénéficie d’une portée ainsi supérieure de 500 mètres au missile Milan. Autre bon point, il offre des distances de sécurité réduites et peut également être tiré en espace confiné (par la fenêtre à l’intérieur d’un bâtiment par exemple). Engagé contre des infrastructures, il produirait même des effets plus efficace qu’un canon de 20 mm. Les opérateurs semblent également satisfait des capacités d’observation équipant le lanceur américain. Mais regrettent cependant de ne pas disposer de moyens d’observation « déportés », qui rendraient moins fatiguant les longues périodes d’observation.
Autre critique, le prix du missile est élevé, plus de 60 000 euros pièce! Ce qui fait cher le tir contre les habitations en torchis, abritant quelques insurgés… Vu qu’il n’y a, en Afghanistan, aucune menace de véhicules blindés.
Par ailleurs, à la différence du missile Milan filo-guidé (donc guidé jusqu’à sa cible par le tireur), le Javelin est un missile « tir et oubli » à guidage thermique. Une fois parti, le missile ne peux donc plus être redirigé. Or, des pertes de cibles ont été rapportées. Notamment pour les tirs à grande distance : le missile se redirige en vol contre une cible voisine plus « chaude » donc plus accrocheuse du système de guidage. Et dans ce cas là, plus rien à faire ! De la même manière, si la cible est froide, le guidage aurait du mal à se fixer.
Cette commande française est une solution intérimaire. L’infanterie française est traditionnellement équipée (depuis les années 70) du missile Milan de MBDA. Mais ce dernier doit aujourd’hui être remplacé. Or, des difficultés de développement avaient été rencontrées dans son évolution, le Milan ER (longue portée). L’achat du Javelin permet au constructeur européen (filiale commune d’EADS, BAE Systems et Finmeccanica), de finir le développement du remplaçant du missile Milan.
En service depuis 2001, le Javelin est en service dans de nombreuses forces armées, plus particulièrement par des pays membres de l’Otan (Etats-Unis, Royaume-Uni, Norvège, République Tchèque, Lituanie…).