Le Héros et l’infini

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L’homme a connu une notoriété aussi soudaine que méritée : le 15 septembre dernier, le Sergent des Marines Dakota Meyer était l’hôte de la Maison Blanche pour y recevoir la Medal of Honor, la plus haute distinction militaire américaine.

Deux ans auparavant, le 8 septembre 2008, Meyer avait risqué sa peau pour sauver plusieurs dizaines de ses camarades tombés dans une embuscade des insurgés. Malgré un feu ennemi intense, son action héroïque avait permis de sauver au moins quatre Marines blessés et plusieurs douzaines de soldats afghans. Meyer avait non seulement gagné une médaille prestigieuse, mais aussi la possibilité de rencontrer le président Obama en tête à tête. Comble du chic, les deux hommes avaient partagé une bière dans les jardins de la Maison Blanche.

On apprend maintenant que Dakota Meyer, qui a quitté le Corps des Marines, est aussi coriace en costume cravate qu’en treillis.  Engagé par BAE Systems en mars dernier, sans doute pour ses accointances avec son vieux pote Obama, Dakota Meyer vient de claquer bruyamment la porte du géant de l’armement après seulement quelques mois de présence au sein du groupe. Le motif de cette démission surprise ? La vente par BAE Systems, de lunettes de visée thermiques au Pakistan qui reste, rappelons-le, l’allié officiel de Washington dans la région. Sauf que lorsqu’on a passé quelques mois sur un Combat Outpost à la frontière afghano-pakistanaise,  la perception que l’on a de l’armée d’Islamabad diffère sensiblement de celle de Washington. Et c’est là que l’on entre de plain-pied dans le grand jeu américain, où les IED les plus vicieux sont fabriqués par des avocats et les terroristes s’habillent en Smalto, comme le chantait Bernard Lavilliers. Acte 1, Meyer dénonce les bonnes affaires de BAE Systems et quitte brusquement la société. Acte 2, BAE contre-attaque en décrivant l’ancien militaire comme « mentalement instable », « traumatisé par le combat, abonné à la boisson… » . C’est du moins ce qu’explique Meyer, qui engage une action judiciaire contre son ancien employeur, auquel il reproche également de pourrir sa réputation et de l’empêcher de retrouver du travail.

Les Américains ne plaisantent pas avec les vétérans, surtout ceux qui portent la Medal Of Honor et partagent des bières avec le Président. On souhaite bonne chance au directeur de la communication de BAE…