L’armée belge crée son Special Operations Regiment

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Par Alain Henry de Frahan et Nathan Gain
 
Comme prévu dans la Vision stratégique belge, la Brigade légère de la Composante Terre est transférée de Marche-en-Famenne à Heverlee (Est de Bruxelles). Elle devient en outre le Special Operations Regiment (SO Regt), composé du Special Forces Group, du 2e bataillon de Commandos, du 3e bataillon de Parachutistes et des centres d’instruction connexes, ainsi que du 6e CIS Group (Groupe de commandement et de systèmes d’information). « Ce n’est pas une naissance mais une évolution vers une structure mieux adaptée pour répondre à l’environnement sécuritaire actuel », a expliqué le colonel Vincent Descheemaeker, commandant du SO Regt.
 

Le colonel Vincent Descheemaeker, commandant du Special Operations Regiment, et Steven Vandeput, ministre belge de la Défense, après le passage des troupes troupes en revue


 
Les missions du SO Regt seront particulièrement axées sur l’exécution d’opérations spéciales telles que, par exemple, la lutte contre le terrorisme. L’état-major du régiment, chapeauté par le Major Tim Jansen, commande désormais toutes les forces terrestres impliquées dans des opérations spéciales. Il est chargé de leur formation permanente, de l’instruction et de la gestion du personnel. C’est l’épine dorsale de la conduite des interventions rapides des forces spéciales. Mais pourquoi ce transfert vers Heverlee? Tout simplement pour « assurer un déploiement plus rapide partout dans le monde grâce à la position centrale de Heverlee, qui offre un accès facile aux grands axes routiers et à la base aérienne de Melsbroek », ajoute le colonel Descheemaeker.
 
La structure du Special Forces Group (SF Gp) a été élargie avec une cellule d’instruction spécifique adaptée pour intégrer les développements les plus modernes des SOF, y compris les micro et mini-UAV, ainsi que les chiens. Son effectif organique devrait en conséquence atteindre 250 militaires l’horizon 2030.
 

Défilé des troupes du SO Regt en clôture de la cérémonie


 
Désormais, en plus de leur formation actuelle pour des missions conventionnelles telles que la capture et la sécurisation d’un aéroport ou l’évacuation de ressortissants d’une zone de crise, les bataillons para-commandos sont également formés pour mener des opérations spéciales ; selon la mission, ils peuvent l’exécuter en appui du Special Forces Group ou de manière totalement autonome. Les missions supplémentaires requièrent des compétences supplémentaires, en l’occurrence une manière différente de planifier et de préparer les opérations, un leadership plus décentralisé et une formation plus intensive aux techniques de tir de précision (sniping), aux communications, aux compétences médicales, aux combats urbains, à la mobilité (techniques d’insertion), aux dispositifs explosifs et la survie sont des éléments clés de leur processus de transformation. Cette formation adaptée est en vigueur depuis mai au sein du Centre d’entraînement commandos de Marche-les-Dames.
 
Le ministre de la Défense belge, Steven Vandeput, a déclaré à Forces Operations que cette nouvelle structure de l’ex-Brigade Légère correspondait à un besoin opérationnel appris des différentes opérations extérieures auxquelles participent les unités belges, que ce soit sous le drapeau de l’OTAN ou de l’ONU. Un élément clé de l’environnement du nouveau régiment est le SOCOM (Special Operations Command), le commandement des opérations spéciales. Le ministre Vandeput a expliqué que « Parallèlement au processus de création du Special Operations Regiment, un Commandement des opérations spéciales (SOCOM) a été mis en place à la mi-2017. Bien que les unités SO ne relèvent pas directement du SOCOM, cette dernière peut être considérée comme le centre d’expertise belge pour les opérations spéciales. En raison de sa place dans la structure de défense, le SOCOM est le point de contact pour la coopération internationale et interdépartementale concernant les opérations spéciales. Le SOCOM est également responsable de la rédaction du projet de commandement de la composante des opérations spéciales composites où la Belgique, avec les Pays-Bas et le Danemark, développe un QG SOF déployable qui peut être mis à la disposition de l’OTAN ».
 

L’un des premiers Fox RRV reçus par le SO Regt lors d’une courte mais intense démonstration


 
Le colonel Descheemaeker a déclaré à Forces Operations que « le changement de nom est un tremplin dans un processus de construction qui s’inscrit dans la Vision stratégique. Nos méthodes de recrutement et de formation s’adapteront à cette nouvelle structure. Notre coopération privilégiée avec les forces spéciales hollandaises et danoises explique la raison pour laquelle nos trois unités échangent des officiers de liaison ». En effet, notons, par exemple, que le nouveau véhicule Fox RRV (Rapid Reaction Vehicle), le « Fox » dont les livraisons ont commencé, a été conçu pour être transportable à l’intérieur d’un hélicoptère CH-47 Chinook de l’armée néerlandaise. « Les ambitions du SO Regt évolueront et grandiront pour faire face aux menaces de manière plus efficace, tant au sein d’une coalition ou que de manière autonome », a ajouté le colonel Descheemaeker.