FOB Interview : le général Hubert Trégou (première partie)

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Le général Hubert Trégou commande l’Ecole d’artillerie de Draguignan.

 

 

Quelles sont vos responsabilités en tant que commandant de l’école d’artillerie ?

La première de mes responsabilités est la formation de tous les cadres de l’artillerie. L’expertise en terme de doctrine, d’équipement et d’organisation de l’artillerie est également de mon ressort. Je peux donc compter sur deux adjoints en charge respectivement de la division formation et de la division études et prospective. J’ajoute que je suis le « père de l’arme », c’est à dire le gardien des traditions.

Quel est le lien entre l’Ecole de l’artillerie et le musée récemment présenté par FOB ?

Le musée est dirigé par un conservateur, le lieutenant-colonel Guyot, et un directeur qui est aussi le directeur de la formation, le colonel Franco. Il faut donc partie intégrante de l’école et ce à deux titres : il a un rôle important dans le cérémonial et dans le maintien des traditions, mais aussi dans la formation. J’y accueille, ainsi, les lieutenants qui rejoignent l’Ecole. J’y clôture également les stages de formation et procède dans ce lieu aux remises de diplômes. C’est un point d’ancrage très fort de la culture artillerie. Il participe également à l’instruction de tous, officiers, sous-officiers et militaires du rang : quand un régiment passe à Canjuers, il n’est pas rare de voir un lieutenant y emmener sa section.

Le musée aide-t-il à faire connaître l’Ecole d’artillerie au niveau local ?

Nous sommes ici placé à mi-chemin entre le littoral et le Verdon. C’est donc une zone de passage touristique très importante. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons ouvrir le musée sur l’extérieur, au sens propre et au sens figuré. Nous nous ouvrons aussi sur les collèges et lycées, le musée de l’artillerie permettant de faire le lien entre l’histoire et la technique. Nous faisons toucher du doigt des techniques qui remontent loin dans le temps. Le musée est à Draguignan depuis 30 ans et c’est un Musée de France ayant un label officiel du ministère de la culture. Il appartient au patrimoine muséographique de la dracénie et participe à la vie culturelle locale en partenariat  avec les autres musées (musée des arts et traditions populaire, musée municipal…)

Avec Canjuers et Draguignan, peut-on parler de pôle provençal de l’artillerie ?

Canjuers est à 30 kilomètres d’ici, mais il y a aussi l’école d’application de l’Alat du Luc, l’Ile du Levant où se font des campagnes de tir de la DGA. Il y a donc effectivement la possibilité de combiner des installations de premier ordre dans la région au profit de l’artillerie. Nous pensons par exemple à l’Ile du Levant pour le lance-roquette unitaire. Mais au delà de l’artillerie, le camp de Canjuers est un espace national d’entrainement interarmes utilisé par les forces terrestres et très utiles à nos camarades fantassins également installés à Draguignan.

Quelle a été l’activité globale de l’Ecole d’artillerie en 2011 ?

Nous recevons environ un millier de stagiaires par an, officiers et sous-officiers. Ceux-ci nous rejoignent pour recevoir leur formation de spécialité initiale au métier d’artilleur :  ils sont instruits dans leur premier emploi de chef de pièce, pour les sous-officiers, ou chef de section pour les officiers. Nous les retrouvons ensuite au cours de leur carrière, pour les étapes suivantes de leur formation : les sous-officiers reviennent pour une formation de deuxième niveau (adjoint officier ou chef de section) tandis que les officiers suivent un stage de commandement de 13 semaines, avec à la clef l’apprentissage au métier de chef de détachement de liaison et de coordination ou de chef de détachement de liaison d’artillerie sol-air. Nous recevons également à l’Ecole les chefs de BOI et les chefs de corps auxquels nous donnons un point de situation en même temps qu’une remise à niveau sur les questions d’artillerie. Pour être exhaustif, je dois également citer les différents stages que nous proposons à nos camarades de la Marine et de l’armée de l’Air, ainsi qu’aux militaires étrangers.

Dans quel cadre recevez-vous les stagiaires étrangers ?

Deux cas de figure sont possibles : dans le cadre d’accord intergouvernementaux, ils peuvent être intégrés avec leurs camarades français pour suivre un cursus complet. Autre cas de figure lorsque leur présence est dictée par l’achat de matériel. C’est par exemple le cas des Saoudiens qui sont chez nous pour suivre des stages spécifiques à la mise en œuvre du Mistral et du Caesar, avec un encadrement réservé et sous mandat de la Cofras. Nous avons reçu 10 lieutenants saoudiens pour la formation chef de section Mistral, 19 pour la partie Caesar et huit capitaines. Nous recevrons également dans les semaines à venir les chefs de corps appelés à diriger les huit bataillons qui seront équipés de ces matériels français. C’est un programme ambitieux, couvert par un protocole franco saoudien qui court jusqu’en 2016.

La deuxième partie de cette interview, au cours de laquelle seront abordés les défis auxquels devra faire face l’artillerie française dans les années à venir, sera mise en ligne dans les jours prochains sur FOB.