En difficulté, Verney-Carron entame une procédure de sauvegarde

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Verney-Carron, rare représentant de la filière française des armes de petit calibre, a été placé en procédure de sauvegarde par le Tribunal de commerce de Saint-Étienne. En cause, une baisse d’activité accélérée par l’impact de la crise sanitaire sur le marché civil et les exportations.

En deux siècles d’existence, l’armurier de Saint-Étienne en aura traversé des tempêtes. La dernière en date, la pandémie de Covid-19 et ses conséquences tous secteurs confondus, l’oblige cette fois à recourir à une procédure de sauvegarde.

Principales raisons évoquées, des revenus minés par un marché civil en souffrance depuis mars 2020 et des exportations quasiment à l’arrêt, conséquence de l’annulation des salons de défense, de l’impossibilité d’aller prospecter et des confinements décrétés dans les pays où se trouvent la clientèle. Résultat, si le marché national se stabilise à 7 M€, les ventes à l’export sont quant à elles passées de 5 M€ en 2019 à moins de 1 M€ en 2020.

En dépit des soutiens étatiques et bancaires, la crise sanitaire a généré « un accroissement de l’endettement qui aujourd’hui freine l’entreprise dans sa capacité de rebond », explique Verney-Carron dans un communiqué. Lancée le 15 septembre, cette procédure de sauvegarde autorise une période d’activité de six mois, période que « l’entreprise va mettre à profit pour présenter son plan de redressement ».  

L’activité était déjà en chute avant la crise, notamment en raison d’échecs successifs sur les marchés défense et sécurité. Son chiffre d’affaires a diminué de moitié entre 2016 et 2019 avant de remonter légèrement lors du dernier exercice (9,2 M€ à fin février 2021). Les pertes sont cependant conséquentes, de l’ordre de 1,8 M€ pour un passif cumulé désormais fixé à 7,7 M€.

Le fusil d’assaut VCD15 de Verney-Carron Defense, proposé à l’époque pour remplacer le FAMAS (Crédits : VCD/Instinct Tactique)

Verney-Carron fut l’un des candidats malheureux des marchés AIF (remplacement du FAMAS) et FPSA (remplacement du FR-F2) du côté ministère des Armées et LBD du côté du ministère de l’Intérieur. Les retours d’expérience acquis au travers d’AIF et de FPSA auront heureusement permis de rencontrer un premier succès à l’export l’an dernier. Une livraison initiale de fusils d’assaut VCD15 et de précision VCD10 avait été réalisée en octobre 2020 au profit d’ « un utilisateur gouvernemental étranger », confortant une volonté de devenir un acteur sur le segment concurrentiel des armes légères.

« Après avoir redimensionné rapidement et efficacement nos opérations industrielles en 2020, nous recherchions les meilleures modalités pour réaménager notre endettement tout en restant autonomes de notre redressement », a déclaré l’actuel président du directoire, Jean Verney-Carron.

« La procédure de sauvegarde va nous permettre cette consolidation en discussion avec nos partenaires bancaires qui jusqu’ici remarquablement joué le jeu », a-t-il complété. Si les effectifs de l’entreprise sont eux aussi en baisse depuis 2015, passant de 89 salariés à 77 aujourd’hui, Verney-Carron confirme n’envisager « aucune restructuration sociale ».

La PME familiale reste par ailleurs optimiste et évoque d’ores et déjà avec un retour à la hausse des exportations, dont le montant cumulé devrait atteindre 2 M€ cette année. Une trajectoire qui pourrait encore s’améliorer grâce à la reprise progressive des salons de défense et de sécurité. Verney-Carron, « soucieuse plus que jamais d’être présente auprès de ses clients et revendeurs », participera au Forum Entreprises Défense les 13 et 14 octobre à Versailles, ainsi qu’au salon MILIPOL du 19 au 22 octobre à Paris-Villepinte.