Des retards supplémentaires pour l’Eurodrone, cet effort conduit par la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne pour doter leurs armées d’un drone MALE européen ? C’est le scénario évoqué par la partie allemande, qui relève un décalage de plusieurs mois dans le franchissement d’un jalon majeur.
L’Eurodrone (ou EuroMALE, ou encore MALE RPAS), ce sont quelque 7 Md€ investis initialement par les quatre partenaires pour le développement et l’acquisition de 20 systèmes à trois vecteurs. La France en percevra quatre à partir de 2030, flotte que les armées comptent porter à six systèmes d’ici à 2035. Du moins en théorie, car l’Eurodrone, déjà poussif au décollage, risque d’accumuler de nouveaux retards.
À l’origine actée en septembre 2023, la revue de conception préliminaire (PDR), étape importante dans un cycle de développement, ne s’est toujours pas matérialisée. Selon la Bundeswehr, les documents nécessaire sont en cours de révision par l’ensemble des nations partenaires. « Actuellement, tous les sous-systèmes ne disposent pas de la maturité technologique nécessaire pour lancer le processus formel de PDR », complète le service dans un document publié cette semaine.
Principale cause avancée par l’armée allemande ? « Des problèmes de coordination entre le maître d’oeuvre allemand Airbus D&S et le sous-traitant français Dassault ». Désormais, Airbus « s’efforce de résoudre de manière globale les problèmes existants concernant le travail de Dassault » et tente par là d’éviter tout impact sur la conduite de la revue de conception critique (CDR), contractuellement fixée pour septembre 2024.
Derrière, il s’agira de ne pas accentuer la glissade calendaire globale, pour l’instant estimée à 10 mois en ce qui concerne la Bundeswehr. Et donc d’être à l’heure pour d’autres grandes étapes. La conception du prototype, par exemple, devrait elle aussi être lancée cette année dans la foulée de la CDR pour un envol théoriquement attendu pour janvier 2027.
Les projections financières partent elles aussi à la hausse, passant de 90 M€ à près de 1,4 Md€ supplémentaire à potentiellement injecter sur la durée du programme pour le seul client allemand. Des estimations plutôt qu’un état de fait, et qui doivent par ailleurs « être considérées à la lumière de la forte inflation économique globale due en particulier au conflit en Ukraine, à laquelle sont bien entendu également confrontées les entreprises du secteur de la sécurité et de la défense ».
Tant l’Allemagne que la France attendent un premier système en 2030, avec cinq années de décalage sur le planning initial. Quelques dizaines de millions d’euros sont prévus au budget 2024 des armées françaises pour la commande de travaux « spécifiques France » complémentaires de ceux conduits en coopération.