Comment CILAS se positionne dans la lutte anti-drone
Fusils à pompe, dispositifs de brouillage, radars et autres rapaces : l’armée française multiplie depuis longtemps les initiatives visant à lutter contre les drones. Et si la solution résidait finalement dans les armes laser ? Champion français des systèmes laser, CILAS se positionne désormais sur ce segment émergent avec un dispositif baptisé HELMA-P prochainement évalué par le ministère des Armées.
« Le caractère éminemment stratégique de CILAS montera encore en puissance avec l’émergence des armes laser. A court terme, ces armes laser ont déjà un rôle à jouer dans le domaine de la lutte anti-drone, » déclarait Florence Parly lors d’une visite récente sur le site de CILAS. Consacrée à 60% au marché de la défense, cette filiale d’ArianeGroup basée à Orléans emploie 260 salariés pour un chiffre d’affaires annuel de 47M€.
D’après CILAS, HELMA-P a pour objectif d’offrir une rupture technologique aux armées en proposant une arme anti-matériel discrète, précise, peu onéreuse, dépourvue de munitions et à effets gradués. Ce système est capable de suivre et de détruire un micro-drone dans un rayon d’un kilomètre pour un coût par tir de quelques centimes d’euro. Différents scénarios opérationnels sont envisagés, dont celui de la lutte anti-drone qui réunirait au sein d’un même système les fonctions de détection, de suivi, d’identification et de neutralisation de cibles. HELMA-P ne doit donc pas être confondu avec TALOS, programme préparatoire de l’agence européenne de défense (AED) coordonné depuis 2019 par CILAS et finançant le développement d’une arme laser anti-missile principalement axée vers la neutralisation de munitions ou de missiles sur trajectoire.
À ce jour, HELMA-P s’appuie autant sur des briques en cours de validation que sur des développements homologués par CILAS, plusieurs d’entre-eux étant commercialisés depuis plusieurs années. Entièrement conçu par la PME orléanaise et ArianeGroup, ce système comprend des fonctions comme le suivi vidéo des cibles, la sécurisation des tirs laser, la source laser proprement dite, un LIDAR, ainsi que les éléments de commande et de contrôle.
Les investissement consentis dans le développement des lasers de puissance auront notamment soutenu une montée en maturité des composants critiques, tels que les batteries et la fibre laser. « La technologie présentée aujourd’hui permet donc de répondre efficacement aux questions du refroidissement, de l’énergie et de la sécurité, » nous explique-t-on.
Une démonstration à l’automne 2020
Florence Parly l’avait annoncé en début de mois, un démonstrateur technologique du système HELMA-P sera évalué d’ici à l’automne prochain à Biscarosse (Landes) avec le soutien de l’Agence de l’innovation de défense (AID). Ces premiers essais de neutralisation seront réalisés sur base d’une version trépied du système. Celui-ci effectuera une série de tirs sur cibles fixes et mobiles avec plusieurs fonds de scène « afin de valider différents scénarios opérationnels ».
La suite ? Hormis le démonstrateur sur trépied, HELMA-P est conçu pour être intégré sur un véhicule terrestre mais aussi pour être couplé avec un système hôte, tels qu’un noyau C2 et un système de gestion du champ de bataille (BMS), afin de se rattacher aux principes du combat collaboratif élaborés par le programme Scorpion. Le volume interne nécessaire à l’alimentation du système est totalement compatible avec celui d’un VBMR Griffon, voire avec le futur Véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE) attendu lors de la prochaine loi de programmation militaire. Une solution navalisée sera également proposée par CILAS pour contribuer à la protection des bâtiments militaires.
Selon CILAS, HELMA-P sera disponible sur le marché d’ici à la fin de l’année 2020. La France se place d’emblée pole position des clients potentiels avec un ministère des Armées qui s’est dit « prêt à se doter très vite de prototypes » par l’entremise de Florence Parly.