Selon des propos rapportés par l’agence de presse russe RIA Novosti, la Russie testerait le véhicule de combat à roues italien Centauro d’Oto Melara. Les deux véhicules déjà présents en Russie seraient rejoints dans les semaines à venir par deux autres, offrant aux Russes la possibilité de tester les différentes versions de ce blindé à roues 8×8 (reconnaissance, combat anti-char ou véhicule de combat d’infanterie). Les essais devraient durer toute l’année, avec en ligne de mire l’achat possible d’un petit lot de véhicules ou même d’une licence de fabrication, le nom de Kamaz étant cité dans ce dernier cas de figure pour une fabrication ou un assemblage local.
Il est vrai que cette annonce intervient quelques mois après la signature d’un accord industriel italo-russe et l’achat par Moscou, en décembre dernier, de 60 véhicules de reconnaissance blindé Lynx du même constructeur Iveco. Ces véhicules seront livrés en kit et assemblés directement en Russie. Il est vrai également que les Russes ont clairement annoncé la couleur, et la vente de navires de la classe Mistral l’a spectaculairement prouvé : ils n’auront dorénavant aucun scrupule à acheter à l’étranger les matériels ne pouvant pas être fournis par leur industrie nationale. Mais le Centauro entre-t-il vraiment dans cette catégorie ?
Non si l’on ne considère simplement la conception et la fabrication de véhicules blindés à roues. La série des BTR montre à l’envie que la Russie maitrise depuis longtemps cette technologie, le pays ayant même joué un rôle de pionnier en la matière. Mais la donne a changé ces dernières années, avec la protection contre les IED prenant une part déterminante dans la conception des matériels. Un domaine dans lequel la Russie manque clairement d’expérience et pour lequel l’achat de Centauro pourrait peut-être s’avérer utile. Dans ces affaires de vente d’un nombre limité de véhicules, le risque est grand pour le fournisseur d’ouvrir la boite de Pandore en basculant involontairement dans le transfert de technologie non autorisé. Autrement dit en prêtant le flanc au piratage technologique. Un problème que les Russes connaissent d’ailleurs très bien pour en avoir souvent été les victimes, après avoir vu les Chinois copier des gammes entières de leurs productions militaires au cours des décennies passées…
Illustration : un Centauro B1 (photo Oto Melara)