Le temps était agréable en cette journée de vendredi : 23 degrés, pas un nuage. La saison est douce et la végétation dense. Surtout dans la DMZ, cette bande de 241 km de long et de 4 km de large, où aucune activité n’est permise depuis 1953. Ici, depuis des décennies, les soldats des deux Corées s’observent de loin. Depuis cet armistice signé en juillet 1953 et qui avait mis fin à la sanglante guerre de Corée (près de 4 millions de morts) partageant le pays en deux, le long du 38ème parallèle. Un événement marquant du début de la guerre froide et une division d’un pays qui ne devait, dans l’esprit des Nations Unis d’alors, ne durer tout au plus que quelques années. Résultat, dans moins d’un an, l’anniversaire des 60 ans de la DMZ sera célébré. 60 ans durant lesquelles rien n’a bougé. Ni les forces en présence, ni le dispositif des Nations Unis, ni la très forte présence américaine, pourtant de moins en moins tolérée par la population coréenne. Aujourd’hui, les positions se sont enracinées et la DMZ est devenue un havre de paix pour les animaux, la nature reprenant ses droits.
A quelques kilomètres de là, au poste d’observation avancé de Myul Gong, la vue est dégagée et les emprises nord-coréennes se distinguent nettement sur les nombreux monts. Au nord, la province de Pyong Gang, une région baptisée « le triangle de fer » en mémoire aux féroces combats et bombardements qui ont eu lieu ici. La région est stratégique, le poste d’observation avancé de Myul Gong garde l’entrée d’une des trois trouées d’accès vers sud. Séoul n’est qu’à 60 kilomètres.
Retour à la journée de samedi 6 octobre. Dans le poste avancé de la ROK (Republic of Korea), les six coups de feu mortels tirés par le transfuge de seulement 18 ans ont clairement été entendus dans la vallée d’habitude très calme. Le GOP (ground observations post) en face de celui où se déroule le scénario, n’est qu’à 500 mètres de la ligne de démarcation militaire, soit à peine à 1 km de la scène. Les observateurs sud-coréens ont peut-être même assisté en direct à la fusillade, ne quittant jamais le nord de vue. Le soldat nord-coréen une fois débarrassé de ses deux supérieurs a quitté sa position, courant rejoindre la ligne de démarcation, afin d’échapper à l’alerte vraisemblablement donnée aux postes de la KPA (Korean People Army). Le régime du nord n’est pas tendre avec les « defectors ». Leurs familles sont même durement sanctionnées, mises au rebuts de la société communiste.
Photos prises le 5 octobre: Soldat nord-coréen à Panmunjeom au JSA (Joint Security Area) / Soldat sud-coréen observant le nord au poste avancé de Myul Gong / La DMZ, au fond, un village nord-coréen. Crédits: Guillaume Belan (reproduction interdite)