Axes multiples contre les IED

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Le sujet ci-dessous a été rédigé à partir d’un article paru dans le magazine des ingénieurs de l’armement n° 109 (lien : http://www.caia.net/page/517/la-revue)
 

L’IED (Improvised Explosive Device), menace ancienne qui a resurgi depuis les années 2000, nécessite malgré son aspect rudimentaire le développement de capacités multiples et complémentaires pour s’en prémunir.

Le D6-VAB Ultima protégé contre les IED


Bidon rempli d’explosif artisanal ou obus détourné de son usage, déclenchement par radiocommande ou système à pression de fortune : les IED sont multiformes et peuvent être adaptés à chaque situation.
Les IED ont causé de l’ordre de 30% des pertes françaises et 50% de celles de la coalition en Afghanistan (icasualties.org) et sont encore présents (bande sahélo-saharienne, …) car ils constituent un moyen d’action abordable et efficace pour des forces non conventionnelles qui veulent contraindre la mobilité de nos forces, un harcèlement destiné à provoquer leur repli et à rendre impossible la réalisation de leurs missions. Dès 2005, les premières acquisitions en urgence opérationnelle sont lancées pour adapter les forces françaises à cette menace. En 2007, l’EMA et la DGA créent l’opération d’ensemble CARAPE pour coordonner l’équipement de la lutte contre les IED autour de trois axes : détecter et neutraliser la menace, la rendre inopérante, limiter les dommages causés.
Limiter les dommages, c’est avant tout améliorer la protection, ventrale et latérale, des véhicules existants (VAB, VBL, PVP ou encore AMX10RC), notamment à partir de l’analyse des incidents sur le terrain. En complément, deux parcs réduits de véhicules spécifiques sont acquis : les ARAVIS de Nexter et les Buffalo. Toutefois, empêcher le souffle de pénétrer dans l’habitacle ne garantit pas l’intégrité de l’équipage : des sièges et repose-pieds spécifiques limitent la transmission des chocs, des ceintures évitent la projection dans l’habitacle, et le matériel transporté est également arrimé pour ne pas se transformer en projectile. Cependant la protection des véhicules, garantie ultime au cas où la menace ne pourrait être traitée en amont, s’avère coûteuse et n’empêche pas l’incident d’avoir lieu et d’impacter la mission.
Rendre la menace inopérante, c’est l’empêcher de se déclencher au bon moment, en leurrant ou neutralisant le système de déclenchement. Le leurre le plus commun est une sorte de chariot poussé par le véhicule en tête de convoi (acquis en 2009 pour le contingent français en Afghanistan), qui déclenche l’IED et réduit considérablement les dommages sur le convoi. Pour la neutralisation des systèmes radio-commandés, la DGA a acquis des brouilleurs dès 2005. Les difficultés sont d’une part la largeur du spectre utilisable par l’ennemi (20MHz-6GHz) et la puissance limitée du brouilleur : un travail délicat associe le renseignement militaire, la DGA et la STAT pour adapter en permanence la programmation des brouilleurs à la menace sur chaque théâtre ; d’autre part, il convient de s’assurer de la compatibilité du brouillage avec les moyens de communication du véhicule.
Pour la détection, la tendance est à la détection à distance (drone ou robot) d’indices de la présence d’un IED (électronique, traces d’explosif ou de la mise en place de l’IED). Pour la neutralisation, l’équipement standardisé des démineurs des trois armées comprendra notamment un robot d’intervention – aujourd’hui le robot terrestre le plus sophistiqué en service – avec des moyens disruptifs variés (charge formée à base d’eau ou encore laser) pour neutraliser les dispositifs explosifs sans provoquer leur détonation.