Arquus lance son Scarabee à l’export

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Exit le prototype futuriste réservé à quelques happy few et uniquement sur sol français, le Scarabee d’Arquus est aujourd’hui une solution mature qui s’exposait pour la première fois à l’étranger lors du salon IDEX (Émirats arabes unis). Faute de débouché national immédiat, le dernier-né de la gamme tentera d’accrocher le marché export sur base de trois versions principales et d’une série de briques « maison ».

Développé depuis 2018 sur fonds propres, le Scarabee envisage d’ « équiper des unités légères, très mobiles avec les systèmes d’arme performants à leur disposition. Dès lors, ces unités bénéficieront d’un avantage tactique fourni par les dernières technologies : propulsion hybride, innovations dans les liaisons terrestres, cellule de survie, manœuvre à distance, ainsi qu’une réduction de la charge cognitive pour l’équipage », commente le PDG d’Arquus, Emmanuel Levacher, dans une revue que l’entreprise a consacré à l’engin.

Arquus visait alors en priorité le remplacement des VBL de l’armée de Terre au travers du programme de Véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE). Et tant pis si l’industriel a trop anticipé le sujet, potentiellement repoussé à la prochaine loi de programmation militaire, son Scarabee dispose désormais d’un argumentaire suffisamment solide que pour tenter sa chance à l’export, notamment auprès de clients moyen-orientaux exigeants.

Le Scarabee s’adresse non seulement au club d’utilisateurs VBL, à commencer par le Koweït et le Qatar, mais aussi à tout pays à la recherche d’une plateforme blindée de nouvelle génération. Bien qu’ayant validé les principales caractéristiques, Arquus se dit ouvert aux partenariats régionaux afin de finaliser l’industrialisation du véhicule.

Le Scarabee PATSAS/FS, l’un des trois usages suggérés par Arquus (Crédits : Arquus)

Pour brasser large en terme de besoin, Arquus suggère trois usages principaux auprès des clients potentiels : reconnaissance, PATSAS et sécurité/contre-terrorisme. La première conserve la configuration déjà avancée auparavant, à savoir un tourelleau téléopéré (TTOP) Hornet armé d’une mitrailleuse de 12,7 mm ou d’un canon de 30 mm, l’emport de trois ou quatre personnels et un véhicule in fine taillé pour l’agilité, la vitesse et la discrétion.

Ses batteries Li-ion haute capacité (12 KWh) offrent une puissance énergétique suffisante pour envisager l’intégration de sous-systèmes trop gourmands pour les véhicules blindés légers actuels, tels qu’un radar, une arme laser ou des systèmes de guerre électronique. Dès le salon SOFINS 2019, Arquus présentait un Scarabee équipé d’un radar léger multimission Giraffe 1X de Saab qui, une fois couplé au TTOP, lui confère une capacité de lutte-anti drones.

Dédiée aux forces spéciales, le Scarabee PATSAS apporte essentiellement un surplus de puissance de feu et de protection. En plus du TTOP Hornet, à présent doté de sa propre Business Unit, cette version embarque les missiles antichars de dernière génération. Selon Arquus, jusqu’à quatre missiles peuvent être installés en tourelle, complétés par des munitions supplémentaires entreposées dans l’espace de rangement. L’industriel propose en outre des systèmes d’autoprotection passif type Galix, un système d’alerte laser et un détecteur acoustique type Pilar V. « Optimisée pour les forces spéciales », cette configuration « soutiendra l’infanterie au travers des lignes ennemies ou harcèlera les convois adverses », explique Arquus.

Le Scarabee sécurité/CT (Crédits : Arquus)

Enfin, Arquus sort du seul cadre militaire pour proposer une version sécurité/contre-terrorisme, segment bien connu d’Arquus, qui fournit son Dagger (PVP) au RAID et son Sherpa au GIGN ainsi qu’à plusieurs forces de sécurité intérieure étrangères, en Inde et au Liban notamment. Les différences tiennent principalement en la réduction de l’armement, limité à un TTOP de calibre 12,7 mm, un équipage limité à trois personnels et l’intégration native du système de gestion du champ de bataille « maison » Battlenet. Intégrable sur n’importe quelle plateforme, celui-ci comprend notamment une vue tactique, le positionnement, la vision périmétrique grâce aux modules caméra PeriSight de Bertin Technologies et la cartographie 3D. La compacité du Scarabee (5,2 m x 2 m), son train arrière indépendant et sa capacité de franchissement sont autant d’atouts mis en avant pour des missions en milieu urbain ou autre environnement « fermé ».

À ces trois usages, Arquus ajoute deux modes opératoires innovants : furtif et robot. Avec le premier, les signatures acoustique, thermale, visuelle, etc. sont considérablement réduites. La motorisation hybride, par exemple, rend possible la bascule vers un mode 100% électrique, présenté pour la première fois en octobre 2020. Grâce sa machine électrique de 70 kW (100 ch), le Scarabee peut rouler une dizaine de kilomètres de manière silencieuse et en diminuant considérablement sa signature thermique. Dans le second, les fonctions de mobilité, feu et observation ne requièrent d’embarquer un équipage. Le Scarabee et ses fonctionnalités peuvent dès lors être manœuvrées à distance comme n’importe quel robot terrestre.