Afghanistan: retrait en ordre dispersé

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Les troupes de l’ISAF (Force internationale d’assistance et de sécurité pour l’Afghanistan) se hâtent maintenant de plier bagages. Après plus de 10 ans de présence sur le sol afghan, le retrait des forces de l’OTAN commence à ressembler à un cafouillage précipité. Une semaine après les déclarations du Président français, candidat à sa succession, de débarrasser le plancher afghan un an avant, le secrétaire américain d’une administration elle aussi en campagne, lui emboîte le pas, confirmant l’avancement du retrait pour 2013. Des déclarations qui prennent de court l’Otan et la bonne vingtaine de partenaires engagés sur place, sans parler des autorités afghanes misent en place par l’Otan.

 

Retrait de la FOB de Gwan

Le 30 janvier, l’armée française a procédé au transfert à l’ANA (Armée Nationale Afghane) de la FOB Gwan, celle-là même où ont été abattus le 20 janvier dernier quatre soldats français. Le processus de transfert d’autorité avait débuté le 8 décembre avec l’arrivée du Kandak 34 de la troisième brigade afghane dans la FOB.

Fin janvier, le SGTIA (sous-groupement tactique interarmées) a basculé sur l’emprise de Tora et les 85 containers et la cinquantaine de véhicules français ont quitté les lieux en cinq convois. Il ne reste aujourd’hui sur place plus aucun français. Ni même d’OMLT, ces soldats qui encadrent l’armée afghane. Suite au meurtre du 20 janvier, décision a été prise de les retirer définitivement.

 

Partir: comment, combien?

Reste maintenant des choix à faire sur les voies logistiques du retrait. Sur place, le dispositif français comprend 1500 containers et presque autant de véhicules, dont 900 blindés, pour la plupart des VAB. Deux moyens de partir : la voie aérienne ou celle maritime.

Pour le retrait par les airs, la France, comme 15 autres pays de l’Otan fait partie de l’initiative SALIS, qui revient à acheter des heures de vol de gros porteurs (Antonov 124), une capacité dont l’armée française ne dispose pas. Cet appareil aux dimensions impressionnantes peut embarquer 6 à 8 véhicules blindés soit une dizaine de containers. Il faudra donc multiplier les rotations via les Emirats Arabes Unis, (huit rotations ont déjà eu lieu en janvier), et donc mettre la main au portefeuille. Autre solution, plus lente mais moins couteuse, la voie maritime, qui passe par des convois terrestres. Le problème majeur de ces convois par la route est leur sécurité. Qui peut aussi s’acheter… Kaboul comme la Kapissa sont des zones très enclavées.

 

Que laissera la France sur place?

L’essentiel des matériels de vie devraient être donnés aux afghans. Sans doute l’armée française cédera quelques véhicules, des VAB ou VBL en fin de vie, voir des micro-flottes de véhicules achetées pour ce théâtre (Aravis…) qu’il coutera cher de rapatrier puis de maintenir en France. Mais ces dons devraient rester marginaux, l’armée ayant besoin de ses véhicules pour assurer l’entrainement sur le territoire national.

En ce qui concerne la présence française, deux missions devraient être maintenues post-2013: la mission Epidote (150 hommes) qui assure la formation de l’armée afghane (école d’état-major…) et qui a par ailleurs l’avantage de maintenir le lien avec les américains. Les OMLT ensuite (ou Equipe de Liaison et de Tutorat Opérationnel) qui encadrent l’armée afghane (150 soldats).

Après 10 ans d’opérations, la stabilité du pays, qu’elle soit politique, économique ou sécuritaire, reste précaire. Ce retrait en ordre dispersé ne fait que le confirmer.