LOADING

Recherche

AMALIA, un projet européen pour alléger et renforcer la protection des blindés

Partager

Réduire la masse des véhicules militaires tout en augmentant leur niveau de protection, voilà le nouvel enjeu auquel s’attaque l’Agence européenne de défense (AED). Elle vient de lancer un projet conjoint auquel participe la France et qui misera sur l’étude de nouveaux matériaux.

« Pris ensemble, le blindage et la structure du véhicule représentent plus de la moitié du poids du véhicule, nécessitant plus de carburant et rendant potentiellement plus difficile la manœuvre », constate l’AED. AMALIA, pour « Additive Manufacturing of Metallic Auxetic Structures and Materials for Lightweight Armour » vise à offrir « une cure de minceur » aux véhicules militaires tout en musclant leur protection. 

Ce projet, que l’AED a choisi d’illustrer avec un Griffon équipé de son kit de blindage, est piloté par l’entreprise italienne RINA Consulting – Centro Sviluppo Materiali. Deux acteurs majeurs de la R&D de défense française font partie de l’équipe multinationale* : l’École polytechnique et l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA).

Lancé le 20 octobre et financé à hauteur de 5 M€ par sept pays, AMALIA parie sur l’usage de matériaux auxétiques. Essentiellement restés au stade théorique, ceux-ci reposent sur une structure interne de cellules ré-entrantes, ou nids d’abeilles inversés. Pour faire bref, cette caractéristique leur permet de s’épaissir lorsqu’ils sont étirés, contrairement aux matériaux conventionnels. Une propriété extrêmement rare à l’état naturel mais que l’on retrouve chez certains minéraux et certains tendons. 

« En cas d’impact violent, les matériaux auxétiques ont l’avantage d’être plus denses sur la zone d’impact et offrent une plus grande absorption d’énergie, donc une meilleur protection », relève l’AED. En recourant à des alliages spécifiques développés pour les applications balistiques, ces matériaux s’avéreraient adaptés au processus d’impression 3D, estime-t-elle. 

Leur conception reste cependant complexe. Pour l’heure, les études sont en majorité issues de simulations numériques et seule une poignée de structures en alliages d’aluminium, d’acier inoxydable et de titane ont été conçues via impression 3D par fusion de faisceau d’électrons (EBM).

AMALIA cherchera dès lors à explorer et dépasser les barrières techniques liées à la fabrication de telles structures. « Le projet s’appuiera sur des simulations approfondies, afin de tester les propriétés balistiques de nouvelles topologies de structures auxétiques et d’affiner les paramètres de processus pour la production de structures réelle », complète l’agence européenne.

D’autres initiatives européennes se penchent sur les blindages de demain. ECOBALLIFE est l’une d’elles. Retenu en juin dernier avec 60 autres projets pour un financement du Fonds européen de défense, ECOBALLIFE vise à agréger et développer les connaissances dans le domaine de la protection du soldat tout au long de la chaîne de valeur, des industries de matières premières aux organismes d’expérimentation et de validation. Parmi les 16 participants, un Français : le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). 

*Hormis les trois participants cités, AMALIA rassemble le Centre de recherche appliquée et de développement pour la fabrication additive (CARDAM, République tchèque), Ecor International (Italie), l’université de Naples – Frédéric II (Italie), la branche italienne du groupe européen MBDA, l’Institut de recherche technologique fondamentale de l’Académie polonaise des sciences, l’Institut Jožef Stefan (Slovénie), l’université de Ljubljana (Slovénie), l’Agence de recherche sur les technologies et équipements militaires (METRA, Roumanie) et l’Institut national pour la recherche aérospatiale « Elie Carafoli » (INCAS, Roumanie). 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *