Après le meurtre de quatre formateurs français par un soldat de l’armée nationale afghane (ANA), toutes les actions de formation dispensées par les forces françaises en Afghanistan sont pour l’instant gelées. Outre la formation des fantassins, cette décision englobe également le travail peu connu effectué par les militaires français au sein de l’Armor Branch School (ABS) qui forme les équipages de chars.
Créée dans les premiers jours de 2010, l’ABS est située à Pol E Charqi, à proximité immédiate de Kaboul. L’ABS avait pour vocation initiale la formation de l’ensemble des personnels de l’unique bataillon de char (équipé de T-62) de l’ANA, le 3ème Kandak de la 3ème brigade de la 111ème division. Depuis les pilotes et chargeurs jusqu’aux chefs de pelotons et commandants d’escadrons, en passant par les chefs de char et tireurs, la communauté T-62 restait toutefois très limitée en Afghanistan : guère plus de 150 hommes au total. Pour rentabiliser la présence des formateurs, la France avait proposé d’élargir le périmètre d’action de l’école à plusieurs unités supplémentaires :
– le 2ème kandak de cette même 3ème brigade, qui est le seul bataillon mécanisé de l’ANA, équipé cette fois de M-113.
– Les cinq kandaks de réaction rapide, alias MSF ou Mobile Strike Force. Ces cinq bataillons sont regroupés au sein d‘une brigade de réaction rapide stationnée à proximité de Kaboul et entièrement rééquipée de MSFV (Mobile Strike Force Vehicle, alias M1117) américains, dont les premiers exemplaires sont arrivés dans le pays en novembre dernier. Le rôle de l’ABS est de les entrainer aux missions de cavalerie blindée.
– Deux bataillons de forces spéciales devaient être en outre formés sur le MSFV.
La France, secondée par la Roumanie, a été nation leader de l’ABS depuis son origine. La question du fonctionnement de l’école est désormais posée avec la mise en retrait des 42 formateurs envoyés par Paris. Les 5 officiers, 18 sous-officiers et 19 militaires du rang provenaient d’une large palette d’unité : Ecoles militaires de Saumur, 4ème Rgt de Dragons, 1er Rgt de Chasseurs d’Afrique etc. Il y a deux semaines à peine, l’Etat-Major des Armées se félicitait du travail accompli par le détachement français à l’ABS et présentait au cours de son point presse hebdomadaire quelques images spectaculaires de tirs de qualifications des équipages formés. Des images pour l’instant rangées au placard, jusqu’à ce que de nouvelles procédures de coopération entre l’armée française et l’ANA soient mises en place. Le choix d’une relative proximité des deux armées dans des enceintes communes pourrait être remis en question. Paris devrait aussi insister auprès de l’ANA sur une remise à plat du processus de sélection de ses recrues, particulièrement pour celles ayant séjourné au Pakistan…