Le sujet est sensible. Ce n’est pourtant plus qu’une question de semaines. Chez Airbus Military à Séville, aucun responsable ne s’ose à avancer une date de livraison précise du premier appareil A400M Atlas à l’armée française. « au deuxième semestre » se bornent à répéter les responsables. « Le sujet est sensible et fait l’objet de discussions et de procédures entre la DGA, le CEAM, l’OCCAr et la MEST » (Multinational Entry into Service Team) précise Damien Allard, Market Developement Manager chez Airbus Military à Madrid. Lors de la visite de FOB hier sur l’immense et flambante neuve usine d’Airbus à deux pas de Séville, le MSN007, soit le premier Atlas qui sera livré à la France était en vol. Pas visible donc, « actuellement aux mains du client » précise le constructeur européen, soit l’armée de l’air française. Dans les immenses hangars climatisés, les lignes de productions tournent à plein. Déjà le MSN009, soit le premier A400M qui doit être livré aux Turcs cette année, est en cours d’assemblage final. Un peu plus loin, d’autres parties d’Atlas continent de s’assembler : MSN12 destiné à la France, dont la construction a débuté en mars de cette année peut-on lire sur un panneau. Sur le Tarmac, des ouvriers s’affairent autour du MSN008, soit le deuxième des trois Atlas que recevra l’armée de l’air cette année. La cocarde française et la mention « armée de l’air » y figurent déjà. « Nous sommes dans les temps, il n’y a plus aucun problème » assure le responsable français.
Premier équipage certifié
En attendant, la première équipe française est opérationnelle depuis la semaine dernière. Arrivée en février au Training Center de Séville, elle vient de recevoir sa certification, « prête à voler ». Quatre pilotes français, cinq loadmasters (soutiers) et une douzaine de techniciens sont dorénavant aptes à mettre en œuvre le futur avion de transport européen. Depuis la semaine dernière, une nouvelle équipe a pris le relais à Séville pour recevoir leur formation sur le futur avion de transport. Au programme, des cours théoriques bien sûr, mais aussi des heures sur simulateurs. Sur le centre de formation d’Airbus Military, on parle espagnol, français mais aussi turc ou anglais.
Avion de tous les superlatifs, l’Atlas aurait apporté une véritable plus-value durant l’opération Serval commente Damien Allard. Remplissant à la fois des missions de transport stratégique (à l’instar du C-17) et tactique (Transall et C-130). Pour Serval, l’A400M aurait pu apporter des charges très lourdes (véhicules blindés, logistique…) aux endroits désirés, soit au nord du Mali, à Tessalit ou Kidal par exemple. 25 tonnes de charges utiles auraient pu être délivrés sur des pistes de 750 mètres non préparées. Des conditions impossibles pour un Antonov ou un C-17 et des charges bien trop lourdes pour un C-130J. Ce qui a abouti de longues heures de convois par voie terrestre, pas moins de cinq jours de Bamako à Tombouctou!
En mai donc.. ou juin, le MSN07 arrivera sur la base d’Orléans. Le second, le MSN08 est attendu cet été et le troisième devrait arriver en décembre. Le dernier Atlas français doit être livré en 2024. A cette date, la France disposera de 50 A400M dont 25 en version auto-protégés et 10 ravitailleurs.
Photos : Le MSN08 sur le tarmac de Séville / Le MSN09 turc en cours d’assemblage (crédits : Guillaume Belan)
Depuis le temps et après tant de déboire!
Cet avion aurait aussi pu servir lors de la catastrophe d’Haïti.
Je le vois bien dans une futur version transformé en avion hôpital.
Sa réalisation n’était pas évidente, elle a remis en cause toutes les procédures et organisations des services techniques de la DGA, c’est tant mieux de ne pas s’asseoir sur ses lauriers.
Cet avion pionnier a dû résoudre toutes les difficultés inhérentes aux moteurs à fortes poussées et donc vibrations et les matériaux composites.
C’est un peu la querelle des anciens et des modernes : on ne peut pas construire un nouvel avion en ayant en tête de vieilles techniques, il faut innover sans cesse.
C’est une prouesse technique lorsqu’on a en tête certains déboires du Dreamliner et de l’A380.
La Défense a donc besoin de crédits pour développer la recherche dans tous ces sillons innovants ayant aussi des retombées dans le domaine civil et des emplois.
Il prouve à lui tout seul que le monde n’est pas fini, qu’il y a toujours quelque chose à faire pour percer les mystères de l’humanité.