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1.739 milliards de dollars de dépenses militaires en 2017

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Selon un rapport publié le 1er mai par le SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm), les dépenses militaires mondiales totales ont atteint 1.739 milliards de dollars en 2017, soit une augmentation de 1,1% en termes réels par rapport à 2016.
 

Char M1A1 Abrams de la 1e division d'Infanterie US (2nd Armored Brigade Combat Team) tire un obus de 120mm pendant un exercice à Grafenwöhr (Allemagne). (Photo U.S. Army, Spc. Hubert D. Delany III )

Char M1A1 Abrams de la 1e division d’Infanterie US (2nd Armored Brigade Combat Team) tire un obus de 120mm pendant un exercice à Grafenwöhr (Allemagne). (Photo U.S. Army, Spc. Hubert D. Delany III )


Après treize années consécutives de hausse de 1999 à 2011 et des dépenses relativement inchangées de 2012 à 2016, les dépenses militaires mondiales totales ont encore augmenté en 2017: elles ont représenté 2,2% du produit intérieur brut mondial (PIB), soit 230 $ par personne. « Les augmentations des dépenses militaires mondiales ces dernières années sont largement dues à la croissance substantielle des dépenses des pays d’Asie et d’Océanie et du Moyen-Orient, comme la Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite », a déclaré le Dr Nan Tian, chercheur au SIPRI. Programme sur les armes et les dépenses militaires (AMEX). « Au niveau mondial, le poids des dépenses militaires s’éloigne clairement de la région euro-atlantique ».
 
Les États-Unis continuent à occuper la première place mondiale en matière de dépenses militaires : en 2017, ils ont dépensé davantage pour leurs forces armées que les sept pays les plus dépensiers suivants. La « performance » américaine reste stable : avec 610 milliards de dollars, le montant est resté inchangé entre 2016 et 2017. « La tendance à la baisse des dépenses militaires américaines amorcée en 2010 a pris fin », a déclaré le Dr Aude Fleurant, directeur du programme de recherche AMEX pour le SIPRI. Au contraire, « Les dépenses militaires américaines en 2018 devraient augmenter considérablement pour soutenir l’augmentation du personnel militaire et la modernisation des armes conventionnelles et nucléaires ». La politique suivie par Donald Trump ne va faire qu’accentuer la tendance.
 
Avec 66,3 milliards de dollars, les dépenses militaires de la Russie en 2017 étaient inférieures de 20% à celles de 2016, première baisse annuelle depuis 1998. « La modernisation militaire reste une priorité en Russie, mais le budget militaire a été limité par les problèmes économiques du pays depuis 2014 », a déclaré Siemon Wezeman, chercheur principal au programme SIPRI AMEX. Les sanctions économiques occidentales ont un impact sérieux sur les moyens financiers de la Russie, même si le président Poutine le nie.
 
Poussés, en partie, par la perception d’une menace croissante de la part de la Russie, les dépenses militaires en Europe centrale et occidentale ont augmenté en 2017, respectivement de 12% et 1,7%. De nombreux États européens sont membres de l’OTAN et, dans ce cadre, ont convenu d’augmenter leurs dépenses militaires. Les dépenses militaires totales des 29 membres de l’OTAN s’élevaient à 900 milliards de dollars en 2017, soit 52% des dépenses mondiales.
 
Les dépenses militaires en Asie et en Océanie ont augmenté pour la 29e année consécutive. Celles de la Chine ont ainsi à nouveau augmenté en 2017, poursuivant une tendance à la hausse qui dure depuis plus de deux décennies. Elle a augmenté ses dépenses militaires de 5,6% pour les porter à 228 milliards de dollars en 2017. En pourcentage des dépenses militaires mondiales, elles sont passées de 5,8% en 2008 à 13% en 2017.
 
Impact direct de cette fulgurante augmentation des dépenses militaires chinoises ? L’Inde, se sentant menacée, s’est lancée en force dans un grand programme de modernisation de son armée, à l’équipement insuffisant et souvent obsolète. Plus de 100 milliards de dollars sont prévus pour atteindre divers objectifs. Encore faudrait-il qu’elle mette de l’ordre dans ses procédures d’acquisition, réputées pour être chaotiques. En attendant, en 2017, elle a dépensé 63,9 milliards de dollars, une augmentation de 5,5% par rapport à 2016.
 
Les dépenses de la Corée du Sud, comptabilisées à 39,2 milliards de dollars, ont augmenté de 1,7% entre 2016 et 2017. « Les tensions entre la Chine et beaucoup de ses voisins continuent de stimuler les dépenses militaires en Asie », relève Siemon Wezeman, chercheur affecté au programme SIPRI AMEX.
 
Les dépenses militaires au Moyen-Orient ont augmenté de 6,2% en 2017. Celles de l’Arabie saoudite ont augmenté de 9,2% en 2017 après une chute en 2016; avec 69,4 milliards de dollars, l’Arabie Saoudite a affiché la troisième plus forte dépense militaire du monde en 2017 (19%), suivie par l’Irak (22%). « Malgré les bas prix du pétrole, les conflits armés et les rivalités au Moyen-Orient entraînent la hausse des dépenses militaires dans la région », a déclaré Pieter Wezeman. En 2017, c’est au Moyen-Orient que les dépenses militaires exprimées en pourcentage du PIB se sont révélées les plus élevées, soit 5,2%. Aucune autre région du monde n’a alloué plus de 1,8% du PIB aux dépenses militaires.
 
Et la France, dans tout cela ? Elle a perdu sa cinquième place au profit de l’Inde et se retrouve en 6e place. En 2017, elle a consacré 57,8 milliards de dollars à sa défense, soit une diminution de 1,9% en un an: de fait, le gouvernement français avait décidé, en juillet 2017, d’effectuer une coupe de 850 millions d’euros dans les programmes d’équipements des armées, sur fond d’effort budgétaire global. Les calculs du SIPRI concernant la France sont par ailleurs à relativiser car le montant annoncé par le ministère de la Defense inclut les dépenses de la gendarmerie qui est pourtant rattachée au ministère de l’Intérieur depuis 2009. Donc, en matière militaire « pure », la France dépense moins que le montant pris en compte par le SIPRI. A l’instar des autres membres de l’OTAN, la France a porté l’objectif des dépenses de défense à 2 % du PIB en 2025, soit 50 milliards d’euros, contre 34,2 milliards cette année.
 
Cette avalanche de chiffres conduit immanquablement à considérer les efforts de désarmement comme une proclamation de façade considérée avec un sourire en coin par les milieux de la défense, tant militaires qu’industriels. Une image ? Le combat de don Quichotte contre les moulins. « Je désarme à condition que toi aussi, tu désarmes ! ». Là, l’espoir relève davantage de la naïveté. « La poursuite des dépenses militaires élevées dans le monde est une source de grave préoccupation », a déclaré Jan Eliasson, président du Conseil d’administration du SIPRI. « Cela sape la recherche de solutions pacifiques aux conflits dans le monde ». En effet…

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