Après avoir déployé des avions de combat en Turquie et officialisé le renforcement de ses contingents au Mali (dans le cadre de la MINUSMA) et en Iraq, l’Allemagne projetterait-elle maintenant d’envoyer ses soldats former leurs homologues libyens ? C’est en tout cas ce que suggère l’hebdomadaire Der Spiegel qui, le samedi 9 janvier, dévoilait un rapport interne du gouvernement allemand envisageant le déploiement de 150 à 200 soldats en Tunisie afin d’entraîner les troupes de l’armée nationale libyenne (ANL).

Confirmant la montée en puissance de son investissement dans la lutte contre Daesh, l’Allemagne enverra 100 soldats de plus en Irak pour former les combattants kurdes
La finalité de cette mission sera de permettre à l’ANL de mieux combattre les unités de Daesh, qui exploite le vide politique occasionné par plus de quatre ans de guerre civile pour capturer des territoires entiers. Une situation sécuritaire critique qui forcerait en outre les soldats allemands à opérer depuis le territoire tunisien voisin. Le contingent allemand pourrait y rejoindre ses homologues italiens, engagés depuis avril 2011 dans la formation des troupes libyennes dans le cadre de la Mission militaire italienne en Libye (MIL).
Néanmoins, d’après l’hebdomadaire allemand, cette mission ne devrait être officialisée qu’en cas de formation d’un gouvernement unifié par les différentes factions politiques rivales du pays. Toujours selon
Der Spiegel, la Bundeswehr envisagerait de baser cette mission sur le modèle déjà utilisé dans le cadre de la formation de combattants kurdes dans le nord de l’Irak.
Bien que n’ayant été ni commenté ni dénié par le ministère de la Défense allemand, le plan dévoilé par
Der Spiegel a d’ores et déjà trouvé un support en la personne du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en charge de la mission d’appui des Nations Unies en Libye, Martin Kobler. « Dès que la situation sécuritaire sera meilleure dans ce pays, je peux imaginer que l’Allemagne participera à l’entraînement des officiers de sécurité en Libye », expliquait Kobler le 3 janvier au journal hebdomadaire allemand
Bild am Sonntag.
Si elle devait se concrétiser, cette nouvelle mission d’entraînement dirigée par la Bundeswehr ne ferait que confirmer la politique d’engagement adoptée par le ministère de la Défense allemande après les attentats du 13 novembre dernier à Paris et Saint-Denis (banlieue de Paris). Bien qu’actuellement resté à l’état de projet, le plan allemand fait néanmoins écho aux rumeurs d’intervention militaire régulièrement entendues en Italie, en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis ; confirmant de facto la place grandissante qu’occupe la Libye dans la lutte contre Daesh et ses alliés.