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Destruction verte de munitions

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Tout missile étant constitué d’un ensemble de technologies hautement classifiées, il était logique pour le groupe européen MBDA d’ouvrir une usine de démilitarisation où les missiles qu’il fabrique puissent être démantelés et détruits à la fin de leur durée de vie.
 
« La France ne pourrait pas envoyer ses missiles dans un autre pays pour y être détruits car certaines parties du missile, le radar par exemple, sont classifiées secret défense. Et, puis nous savons tous qu’il n’y a pas mieux pour dévoiler les secrets de fabrication que de démonter soigneusement l’objet! » raconte Jean-Yves Biton, directeur du projet, lors d’une visite par FOB du site le 13 janvier.
 
MBDA a contribué 75% des 12 millions d’euros investis pour réaménager quatre bâtiments de son site de Subdray, près de Bourges, dans le centre de la France. L’usine a ouvert ses portes en 2014, suivie il y a un an par l’inauguration d’une usine de traitement thermique sur le même site.
 
Cependant, contrairement à l’usine de Simmel Difesa près de Rome, que nous avons visité à la mi-décembre (voir notre article du 16/12/15 « Que faire d’une munition périmée ? ») et qui démantèle des munitions non classifiées en recyclant près de 80% de l’explosif de grade militaire aussi bien que les métaux, etc. contenus dans la munition, l’implantation de MBDA fût construite non pas pour recycler mais pour s’assurer que le processus de destruction soit conforme aux niveaux d’émissions stricts imposés par la loi 2010/75/EU du Parlement européen, « la seule à le faire dans tout le pays », précise Biton.
 
Le site de MBDA recycle les composants électroniques et une partie des métaux, mais uniquement après avoir rendu l’origine de ces derniers méconnaissable. Malheureusement, il m’a été interdit de prendre des photos mais les amas de métal résultant auraient tout à fait leur place dans un musée d’art moderne !
 
La munition est démontée à la main et le bloc de combustible est précautionneusement retiré. Il est ensuite prudemment emmené dans un autre bâtiment où il est coupé en tranches de 3 kilos par un robot équipé d’un jet d’eau.
 

Les techniciens de MBDA démantèle soigneusement une munition

Les techniciens de MBDA démantèle soigneusement une munition


Le jet d'eau robotisé au travail. Depuis que cette photo a été prise, le robot est maintenant habillé de noir à la place de l'orange car la poussière d'explosif est plus facile à détecter sur un fond noir, ce qui rend également le robot plus facile à nettoyer à la fin de chaque journée de travail.

Le jet d’eau robotisé au travail. Depuis que cette photo a été prise, le robot est maintenant habillé de noir à la place de l’orange car la poussière d’explosif est plus facile à détecter sur un fond noir, ce qui rend  le robot plus facile à nettoyer à la fin de chaque journée de travail.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ces tranches sont à nouveau emballées et amenées, avec des petits composants pyrotechniques (utilisés pour ouvrir les ailettes d’un missile, par exemple), à l’installation de traitement thermique pour y être brûlés.
 
L'usine de traitement thermique pratiquement neuve

L’usine de traitement thermique pratiquement neuve


Le processus est complexe ; contentons nous de dire que ces  tranches et composants  pyrotechniques passent par un  oxydeur thermique, un  atomiseur, une trempe et un  brûleur à oxydant catalytique.  Un grand réservoir d’eau se  trouve au milieu de tout cet équipement afin d’inonder  l’ensemble du système en cas de surchauffe. « Nous avons eu à le faire deux fois jusqu’à ce jour, » remarque Biton.
 
Les clients de MBDA sont la Support and Procurement Agency de l’OTAN et le ministère de la Défense français. Son contrat initial incluait la destruction d’ici 2018 de 36 000 armes a sous-munitions, dont 22 000 roquettes MLRS de systèmes de lance-roquettes multiples
et 13 000 obus devenus illégales « mais c’est déjà fait ! Avec deux ans d’avance, » se félicite Biton. MBDA est maintenant occupé à détruire 1 100 missiles (AS30, S530, Magic 2 et Apache) et 450 leurres, et MBDA vient de signer un contrat pour la destruction de 5 millions de cartouches.
Celles-ci sont détruites dans une chambre de détonation, fabriquée par la société suédoise Dynasafe, et peut éliminer 16 000 cartouches de calibre 5.56 mm à l’heure. « La même machine a été installée en Libye par les Etats-Unis pour détruire des armes chimiques », précise Biton. « Peu à peu nous allons nous diversifier, » ajoute-t-il, de sorte que cette installation aura probablement une charge de travail qui l’occupe beaucoup plus longtemps que les 15 années d’activité prévues dans le plan initial.

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