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Warq, des terrains d’airsoft au GIGN

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Rares sont les occasions de réunir la France et une startup belge au sein d’un même sujet. C’est désormais chose faite grâce à Warq, dont le casque d’entraînement intégral conçu pour éviter la buée a, entre autres, d’ores et déjà séduit l’armée de Terre et les douanes françaises.
 

Le casque Warq, déjà sélectionné par l'armée de Terre (Crédit photo: Warq)

Le casque Warq sélectionné par l’armée de Terre (Crédit photo: Warq)


 
Des terrains d’airsoft à Warq
 
Motards, skieurs, joueurs de paintball et d’airsoft, militaires, etc. Tous ont déjà connu les affres d’une visière rendue inutilisable par l’accumulation de buée. L’origine du casque Warq découle d’un constat simple: « il n’existe pas de dispositif permettant d’éviter totalement l’apparition de buée sur la visière », ajoute Quentin Mulders, co-fondateur de Warq. Passionné d’airsoft et diplômé en électromécanique de l’ISAT, ce franco-belge de 33 ans décide de retrousser ses manches et développe un prototype de protection empêchant l’apparition de buée. Puis, la multiplication de chutes et d’accidents lors de parties d’airsoft, parfois « des dents cassées », a poussé Quentin à privilégier le développement d’un casque intégral.
 
« Que ce soit en hiver ou en été, peu importe l’effort fourni », le casque Warq est conçu pour empêcher l’apparition de buée. Une caractéristique inédite, fondée sur l’optimisation de la circulation et de l’évacuation de la respiration et de la transpiration. Tant la tôle microperforée que les orifices de ventilation et les ailettes arrières participent à la création d’un mouvement circulaire d’air à l’intérieur du casque. L’aération est donc maximale, favorisée également par un écartement précis du visage et de la visière, créée sur mesure en polycarbonate. De classe optique 1, celle-ci est composée d’un écran thermal, constitué d’un double vitrage permettant de diminuer le point de rosée. Enfin, l’écran interne est traité avec « la dernière génération de nano revêtement anti-buée ». Une technologie unique, mais qui n’affecte en rien le confort et la protection du casque. La visière répond ainsi à la norme EN166A pour la protection oculaire, la plus élevée en Europe pour les impacts à haute vélocité, ce qui correspond à « la résistance à un impact d’une puissance de 15,5 joules ». Constitué de polyamide renforcé en fibre de verre, un casque Warq ne pèse que 1,1 kg. Il est en outre ajustable, équipé d’un kit de rétention avec des mousses multi-impact et permet l’installation d’un kit de communication compact. Il est, par exemple, entièrement adapté aux casques faisant appel à la conduction cartilagineuse, tel que le système BCH300 du français Elno.
 
C’est à l’issue d’une partie d’airsoft rassemblant plus de 400 joueurs que Quentin prend conscience que son innovation « répond directement à un besoin du marché ». À ce stade-là, Quentin et sa compagne se trouvent à la croisée des chemins. « Soit on achète une maison comme beaucoup de gens font, soit on tente la création d’une société ». La seconde option l’a emporté, donnant le coup de départ de l’aventure Warq.
 
 
Vers l’industrialisation et les premiers succès
 
Après une formation en entreprenariat, Quentin reçoit un premier prêt de 12 500€ lui permettant de développer un business plan, de protéger la marque et le concept, et de réaliser les premiers plans techniques. Démarre alors une année de levée de fonds, étape obligatoire pour envisager l’industrialisation et la commercialisation du casque. « Un vrai chateau de carte », raconte Quentin, « et si une carte tombe, tout s’écroule ». Sambrinvest, Novalia et la banque Fortis montrent de l’intérêt. Hélas, Warq manque de temps pour ficeler son projet et est recalé en juin 2016 par ses investisseurs. Le chateau s’écroule prématurément, mais les deux entrepreneurs se remettent rapidement en selle. Épaulée par la société de conseil Ekkofin, la startup redéfinit son projet et parvient à convaincre les trois investisseurs initiaux. En tout, Warq lève plus d’un million d’euros, ouvrant la voie, dès février 2017, à la phase d’industrialisation.
 
Soutenu par les premières précommandes signées fin 2016, Warq s’attaque à la création des matrices et des moules, l’installation des locaux, et démarre une campagne publicitaire. L’ensemble des pièces sera exclusivement produit et assemblé en Europe, afin de conserver un niveau de qualité optimal. « On a directement visé le très haut de gamme », précise Quentin. Un choix risqué, mais qui n’empêche pas de vendre un casque « à un prix abordable », notamment en évitant de passer par des grossistes, synonymes de diminution des marges. Warq décide donc de créer son propre réseau de distribution, appuyé par son site internet. Après une première année de ventes centrées sur l’airsoft, Warq se tourne vers le marché de la défense et de la sécurité. Nullement limité au seul loisir, ce sport pourrait en effet devenir un chaînon de la préparation opérationnelle de l’armée de Terre. Une première expérimentation fructueuse de l’airsoft comme outil d’entraînement, menée en 2017 par le 8e RPIMa, avait été suivie, quelques mois plus tard, de l’ouverture d’un marché pour l’achat de 7800 répliques d’armes au profit des forces armées.
 

Si les unités d’élite, comme la DSU en Belgique ou le GIGN en France, l’approuvent, la plupart des autres polices voudront le même casque

 
Avec l’aide de RUAG, rencontré au salon IWA (Nuremberg), et de Spartan, spécialiste français des répliques d’entraînement, Warq parvient à faire tester son casque par la douane française de Strasbourg et le GIGN ; « une étape qui correspond tout à fait à notre stratégie de départ, qui était de cibler les élites ». Verdict ? « Ils ont adoré », se félicite Quentin. À tel point que les douaniers décident de remplacer les protections récemment acquises par la solution proposée par Warq. « Si les unités d’élite, comme la DSU en Belgique ou le GIGN en France, l’approuvent, la plupart des autres polices voudront le même casque », prévoit Quentin.
 
Quelques polices locales et les unités spéciales de la police belge (DSU), la douane de Strasbourg et l’armée française ont aujourd’hui effectivement passé commande pour un total de presque 200 unités. La moitié est destinée à l’armée de Terre, avec des premières livraisons prévues pour février, nous révèle Quentin.
 
 
Un Warq Pro pour s’ouvrir à d’autres marchés
 
Porté par cette ouverture des Armées au phénomène airsoft, surtout, par ces premiers succès, Warq peut en toute confiance s’attaquer à deux objectifs majeurs: intégrer le marché américain, mais avant tout convaincre le GIGN, séduit par les premiers essais. « Ça reste une référence, la carte de visite qui devrait nous ouvrir d’autres portes parmi les unités spécialisées », espère le co-fondateur de Warq, dont les ambitions ne se limitent pas au seul territoire français. Le marché américain, notamment, est au menu pour 2019. Une cible de taille qui nécessitera au préalable la certification des casques Warq au normes dictées par l’ANSI.
 

La startup travaille - aussi - à l'intégration de NVG sur son casque (Crédit photo: Warq)

La startup travaille – aussi – à l’intégration de NVG sur son casque (Crédit photo: Warq)


 
Désireuse d’étoffer son offre, la startup planche maintenant sur le développement du casque Warq Pro, déclinaison destinée aux forces armées et de police et en partie basée sur les RETEX des unités françaises et belges. Ainsi, l’armée de Terre souhaite l’ajout d’un filtre additionnel en inox sous la tôle perforée qui devrait permettre de retenir les petites particules « tout en conservant une parfaite respirabilité et la capacité à éliminer la buée ». De même, les Terriens on requis l’ajout d’une collerette respirante, la fermeture par un grillage des orifices de ventilation et, enfin, l’intégration d’un monoculaire de vision nocturne. « Le gros avantage, c’est qu’il n’est pas nécessaire de retirer la protection pour utiliser la majorité des monoculaires de vision nocturne », explique Quentin. Cette version « Pro » devrait être dévoilée en mars lors du prochain salon IWA et sera présentée dans la foulée au GIGN.
 
Loin de se limiter aux requête des clients, la maturité du casque Warq est aussi assurée par l’imagination de ses créateurs, qui entrevoient, entre autres, l’intégration de la réalité virtuelle et l’élaboration d’une crosse de fusil accordée au casque intégral. Et pourquoi ne pas, in fine, adapter le casque Warq pour une utilisation opérationnelle. « On aimerait un jour partir du modèle existant pour en créer un pour l’opérationnel. Les gens qui l’utilisent à l’entraînement aimeront certainement employer le même matériel à l’opérationnel », prédit Quentin. 

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