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Vers un Make In Algeria?

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Cette info ne devrait pas chambouler les industriels français, peut-être un peu plus nos voisins allemands ou italiens si ils nous lisent, mais elle a le mérite d’être relayée : historiquement importatrice, l’Algérie développe sa propre industrie d’armement pour équiper ses forces armées. C’est en tout cas ce qu’a déclaré Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale et chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le 10 avril dernier lors d’une inspection dans le 2ème district militaire à Oran.
 

Le chef d'État-major et vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah aux côtés du président algérien Bouteflika

Le chef d’État-major et vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah aux côtés du président algérien Bouteflika


 
Très logiquement il faut dire, l’Algérie semble suivre la voie de l’Inde. Après avoir obtenu leur indépendance vis-à-vis d’une puissance occidentale, l’une comme l’autre se sont tournées vers l’Union Soviétique pour s’approvisionner en armes. À peu près dans le même temps que l’URSS s’effondrait, les deux puissances militaires de leur région respective ont commencé à importer des systèmes d’armes occidentaux, Alger devenant l’an passé le premier client des industriels d’outre-Rhin avec environ 1,36Mds€ de commandes et continue de multiplier le nombre de ses fournisseurs pour diminuer sa dépendance à la technologie russe, faisant appel aux Italiens, aux Britanniques et aux Chinois.
 
Aujourd’hui, toutes deux réalisent que sur le long terme les importations et les dépenses n’ont fait que se succéder sans un réel retour sur investissement pour l’économie domestique ou le savoir-faire dans la production de technologies militaires, et souhaitent donc en finir avec le réflexe de l’achat sur étagère. Si les deux pays composent le top 5 des plus grandes nations importatrices pour les années 2010, l’économie algérienne n’est pas l’économie indienne et la population algérienne s’élève à 40 millions d’habitants quand les Indiens sont 1,3 milliards, ce qui révèle de l’ultra-militarisation du pays maghrébin. Ce dernier est de très loin le pays d’Afrique qui importe le plus de système d’armes, puisqu’à lui seul il concentre quasiment la moitié des importations du continent, suivi par son voisin marocain qui compterait pour 1/6 des livraisons d’armes dans la région.
 
Bref, pour les chefs militaires de haut-rang, très influents dans un pays à demi dirigé par un Bouteflika physiquement très affaibli, il faut que ça change ! Comme le soulignent les spécialistes de la région, le pays dont l’économie est massivement dépendante de la rente des hydrocarbures, tente de diversifier ses sources de revenus. Parmi les axes évoqués par les autorités algériennes, l’industrie militaire figure en bonne place. Le 14 mars dernier, le général-major Rachid Chouaki, directeur des industries militaires au ministère de la Défense nationale déclarait à la presse : « L’industrie militaire est une partie intégrante de l’économie nationale (…) Nous comptons créer 40 usines et 30 000 postes d’emploi directs d’ici 2019″.
 
À court terme, il souhaite que 30% des équipements militaires soient produits localement, et cela commencera par la production de dizaines de milliers de moteurs de véhicules Mercedes, l’industriel allemand s’étant implanté dans le pays permettant aux militaires algériens de présenter des premiers prototypes de camions surmontés de canons russes. Sur ce sujet, la presse locale a rappelé en début d’année que les partenariats avec les industries allemands avait également permis le développement domestiques d’autres technologies « notamment des radars de détection terrestre, des appareils de communication tactiques, des caméras opérant en infrarouge ou encore des télémètres laser. » Tout aussi important, les relations avec les partenaires italiens, qui doivent déboucher sur la fabrication d’hélicoptères en coopération avec Leonardo.
 
Ce mois-ci, c’est le général Salah qui a affiché la détermination du pays à devenir autonome dans sa production d’armement : « Etant donné que le principe d’autonomie soit une spécificité algérienne par excellence, nous avons accordé, dans l’ANP, une extrême attention au domaine des fabrications militaires. J’affirme aujourd’hui que nous sommes déterminés, avec l’aide d’Allah Le Tout-Puissant, à aller de l’avant pour promouvoir davantage les fondements solides de cette industrie prometteuse, qui répond en premier lieu à nos propres besoins et qui permet également de satisfaire les besoins des établissements publics nationaux et des différents corps de sécurité, en sus de la contribution graduelle dans le développement du tissu industriel national, avec toutes les répercussions positives que cela puisse avoir sur les domaines économiques et sociaux de notre pays ». 
 
Dans ce même communiqué officiel publié suite à sa visite dans le 2ème district militaire à Oran, il a fait référence à la « feuille de route de l’ANP » qui doit donner à l’Algérie une approche globale pour la doter d’une armée moderne (« élever les capacités de l’ANP »: doctrine, commandement, formation des militaires, exercices d’envergure, production domestique etc) apte à relever les défis futurs comme la présence dans la région de groupes armés djihadistes portant allégeance à AQMI ou à l’État islamique. Dans ce sens, il a insisté sur le fait de mettre « en valeur le haut niveau atteint par nos fabrications militaires et ce, malgré leur fraîcheur et à travers lesquelles l’ANP aspire à atteindre l’autosuffisance, dans une première étape, en matière d’industrie militaire ».
 
Si l’autosuffisance est la première étape, on imagine aisément que la seconde sera l’exportation… à suivre.

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