La chasse aux dépendances étrangères lancées par la Direction générale de l’armement (DGA) a porté ses fruits. Une quinzaine de projets de relocalisation soumis par des industriels de défense sont désormais à l’étude, renforcement de la souveraineté à la clef.
« Nous avons conduit une étude assez approfondie sur nos dépendances », rappelait le délégué général pour l’armement (DGA), Emmanuel Chiva, ce mardi aux parlementaires, en écho à l’un des cinq chantiers lancés l’an dernier par le ministère des Armées dans le cadre de la problématique d’économie de guerre.
La démarche aura abouti à la réception de 35 dossiers de relocalisation d’activités critiques proposés par la BITD. Une quinzaine d’entre eux ont été sélectionnés par la DGA, « dont une dizaine nécessite une instruction complémentaire ».
Mener à bien ces projets nécessiterait de sortir un peu moins de 200 M€ des caisses étatiques, précise le DGA. L’enveloppe peut sembler conséquente mais ne doit pas éluder l’effort consenti par les industriels. « L’industrie ne demande pas tout à l’État. Nous avons un peu plus de la moitié de ces dossiers de relocalisation qui seront auto-financés », pointe Emmanuel Chiva. Des investissements sur fonds propres également annonciateurs de la création de plus de 220 emplois un peu partout en France, du Cher à la Haute-Savoie.
Chaque action permettra au client français de s’affranchir de dépendances vis-à-vis de grands compétiteurs du domaine, la Chine, Israël, Taïwan et les États-Unis en tête, souligne le DGA. Si ces projets ne sont pas davantage détaillés, ceux-ci impliquent la majorité des grandes filières, du terrestre au naval et de l’aéronautique au spatial. Ils se manifesteront dans des domaines aussi vastes que la propulsion, l’électronique, la fabrication additive, les matériaux, les équipements du combattant et les munitions, « dont on parle beaucoup ».
Cette dynamique de « sanctuarisation » est en tout cas déjà bien lancée. Elle a démarré en février dernier à l’initiative d’EURENCO. Le spécialiste des matériaux énergétiques annonçait alors l’installation d’une nouvelle ligne de production de poudre de gros calibre sur son site de Bergerac (Dordogne). Un investissement de 60 M€ dont 10 M€ fournis par l’État qui se matérialisera en 2025, et un exemple visiblement suivi par quelques autres.