Évolution majeure en vue pour la plateforme PAMELA*, cette version sur roues du système de défense sol-air très courte portée MISTRAL. Si le missile et son lanceur ne changent pas, les porteurs sur lesquels ils sont intégrés seront bientôt renouvelés, gains de mobilité et de protection à la clef.
« Aujourd’hui, les sections de défense sol-air de l’armée de Terre ont un problème de mobilité parce que les porteurs de plateformes PAMELA sont des VLRA et des TRM 2000, des véhicules que nous avons de plus en plus de mal à maintenir », expliquait la Section technique de l’armée de Terre (STAT) à l’occasion de la restitution d’un exercice d’expérimentation organisée hier sur le plateau du Larzac.
Face aux coûts de maintenance en hausse, à la raréfaction des pièces et aux obsolescences techniques, « il fallait trouver une solution intérimaire pour redonner de la mobilité à ces sections », pointe la STAT. La réponse ? L’adaptation du véhicule de ravitaillement dans la profondeur (VRP) conçu par Scania, plateforme référencée par la centrale d’achat UGAP donc immédiatement disponible. Baptisé « Vampire » par Scania et « véhicule porteur polyvalent PAMELA » (V3P) par l’armée de Terre, le résultat est d’ores et déjà dans les mains de la STAT.
« Malgré son gabarit, le V3P manoeuvre très bien », observe un officier de la STAT. Sa boîte robotisée à 14 vitesses, son moteur de 310 ch, sa direction assistée et sa capacité à démultiplier le couple amènent ce surplus de « punch » devenu primordial pour quitter rapidement la position et diminuer la probabilité de succès d’une frappe ennemie. Fini, pour le pointeur et le tireur, de voyager à l’extérieur, dos à la marche et harnachés aux deux strapontins escamotables intégrés au plateau. Tout le monde profite désormais du confort et de la protection apportés par la double cabine et ses quatre sièges suspendus.
La fatigue diminue mais la survivabilité augmente tout autant que la connectivité. L’espace disponible en cabine permet en effet d’intégrer un poste ER 315 (PR4G) complémentaire de celui intégré au lanceur, un poste ER 314 dont la portée limitée se révèle handicapante en cas d’élongation entre le poste de commandement et les pièces. Avec ses 30 km de portée, ce second poste générera un gain important « en matière de fluidité de la manoeuvre et de communication au sein de la section », en attendant l’arrivée de la radio logicielle CONTACT. Derrière l’amélioration des liaisons, la cabine autorise également l’emport de quatre fusils d’assaut HK 416F et d’un armement collectif de type MINIMI ou MAG 58.
Rien ne change en revanche pour un système PAMELA fiable, éprouvé et « répondant parfaitement au besoin ». Il conserve donc sa capacité d’emport de six missiles en soute et d’un septième « chaud » à disposition sur le plateau. Trois semaines auront suffi à Scania pour transformer un châssis en V3P. Un prototype perçu juste à temps pour profiter du créneau offert le mois dernier par l’exercice annuel Artémis pour réaliser trois tirs de validation depuis l’île du Levant. Restera à affiner certains détails notamment ergonomiques pour parvenir à un modèle de série en mars 2025.
Des 50 V3P acquis grâce au budget 2023, 44 sont destinés à équiper une section par régiment d’artillerie « canon » et deux sections au sein du 54e régiment d’artillerie. Scania pourra en sortir environ six par mois, de quoi envisager une dotation complète à l’horizon 2026. Les six autres exemplaires accueilleront autant de systèmes PROTEUS, cette amélioration du canon de 20 mm réalisée en quatre mois par la STAT à partir de briques existantes. Six PROTEUS au standard 1 sont attendus pour l’an prochain. Un premier pas en attendant un standard 2 doté d’une solution de tir futur grâce à l’apport de l’intelligence artificielle et dont le démonstrateur doit émerger à la mi-2025. Ce parc initial, l’armée de Terre prévoit de le porter à 50 exemplaires au standard 2 à compter de 2026.
*Plateforme d’Adaptation MISTRAL Équipée, Légère et Aérotransportable