Récemment évalué avec succès, le kit de lutte anti-incendie conçu par Airbus pour l’avion A400M pourrait être mobilisé dès cet été par la France si l’urgence l’exige, révèle un rapport parlementaire publié hier.
C’est un renfort de poids dont pourrait bénéficier rapidement la sécurité civile, confrontée à l’intensification du risque incendie et au vieillissement de sa flotte aérienne. Un premier pas a déjà été franchi dans ce sens en mars dernier avec la signature d’une lettre d’intention par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), indique ce rapport d’information émanant de la commission des finances de l’Assemblée nationale.
Un mois plus tard, l’A400M équipé de ce kit de type Roll-on/Roll-off (Ro-Ro) réalisait une campagne de largages au dessus d’une zone cible de l’aéroport de Nîmes-Garon en collaboration avec le Centre d’essais et de recherche de l’Entente-Valabre (CEREN). Ce prototype dispose d’une capacité de largage de 20 tonnes d’eau ou de retardant sur 400 m, capacité potentiellement extensible jusqu’à 30 tonnes.
Ce projet a l’avantage de ne nécessiter aucune modification structurelle d’un avion « connu pour sa grande maniabilité à basse vitesse et à basse altitude ». La campagne menée par le CEREN avait, à titre d’exemple, conduit l’A400M à réaliser des largages à des altitudes de moins de 30 mètres et des vitesses d’environ 230 km/h. La DGSCGC ne disposerait pas d’A400M en propre mais mobiliserait ponctuellement ceux de l’armée de l’Air et de l’Espace ou d’autres armées alliées, notamment en cas de méga-feux. Les coûts seraient donc limités à l’acquisition de kits, à la rémunération des pilotes, au carburant et aux opérations de maintenance.
Ce nouveau jalon de développement franchi, l’horizon est dégagé pour la commercialisation. Selon le rapport parlementaire, Airbus serait en mesure de livrer les premiers kits de série fin 2026 si un contrat venait à être signé cette année. Dans l’intervalle, l’avionneur pourrait mettre son prototype à disposition des autorités françaises « dès la saison des feux 2025 en cas d’urgence », souligne le document.
La piste de l’A400M devient d’autant plus séduisante à l’heure où DGSCGC s’interroge sur le remplacement de sa flotte de Canadairs. Un temps annoncé par le gouvernement, le renouvellement des 12 CL-415 en service par 16 nouveaux DHC-515 a depuis évolué vers un autre scénario. Il s’agit désormais d’acquérir quatre appareils neufs pour porter la flotte à 16 avions d’ici à 2033, le remplacement des CL-415 étant repoussé sine die. Seuls deux DHC-515 ont effectivement été commandés à ce jour. L’austérité budgétaire est venue gripper la suite, les annulations opérées l’an dernier ayant impacté l’achat des deux autres exemplaires envisagés.
L’AAE dispose quant à elle de 24 A400M sur une commande totale de 50 avions. Le 25e est attendu d’ici la fin de l’année. Au moins 35 exemplaires doivent théoriquement être livrés à horizon 2030, un calendrier que la France a choisi de contracter en anticipant la livraison de quatre avions sur 2028-2029 pour pérenniser la ligne de production. De quoi renforcer plus rapidement qu’attendu une flotte dont les aviateurs cherchent à exploiter toute la polyvalence d’emploi. Et, pourquoi pas, au profit d’hommes du feu déjà soutenus par les quelque 200 militaires, 60 véhicules et trois hélicoptères mobilisés par les armées dans le cadre de l’opération Héphaïstos ?
Crédits image : Airbus Defence & Space