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Trident Juncture 2018, un défi logistique européen et transatlantique

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L’exercice Trident Juncture 2018, le plus grand du genre depuis la fin de la guerre froide, bat maintenant son plein en Norvège « et environs ». Force Operations en avait brossé le portrait dans un article publié le 11 octobre. Environ 51.000 participants (le chiffre de 40.000 avait été avancé) de plus de 30 pays, avec 10.000 véhicules, 150 aéronefs et 60 navires sont impliqués. Le défi initial – pour l’instant théorique seulement – relevé par les Américains (surtout) et les Canadiens consiste à pouvoir acheminer jusqu’en Europe le matériel nécessaire par voie maritime, exposée aux dangers aériens et sous-marins. Focalisons donc notre attention sur l’aspect logistique de l’exercice, particulièrement pour la France.
 

La logistique en temps de paix impose déjà des défis complexes à relever. Mais alors en temps de guerre, lorsque les vecteurs terrestres, aériens et maritimes sont menacés... (Photo : Ministère des Armées)

La logistique en temps de paix impose déjà des défis complexes à relever. Mais alors en temps de guerre, lorsque les vecteurs terrestres, aériens et maritimes sont menacés… (Photo : Ministère des Armées)


 
Le ministère des Armées expose l’ampleur de la tâche : pour déployer les 3.000 militaires composant le contingent français et acheminer l’ensemble du matériel, une opération logistique d’envergure a été coordonnée par le Centre de soutien des opérations et des acheminements (CSOA) de Villacoublay. Jugez plutôt : cette manœuvre a requis d’affréter cinq trains militaires, emprunter sept voies aériennes, mobiliser un ferry et un bâtiment de projection et de commandement. Ne perdons jamais de vue ce qui est « aisément » faisable en temps de paix mais qui deviendrait (beaucoup) plus risqué en temps de crise grave, et pire encore en cas de conflit ouvert.
 
Souvenons-nous du génie des Alliés pour acheminer tout ce qui fut nécessaire aux opérations Overlord (débarquement de Normandie) et Dragoon (débarquement de Provence) en juin et août 1944 ! Et les routes du Red Ball Express depuis la Normandie jusqu’en Belgique. Et les débarquements dans le Pacifique. Et le pont aérien de l’USAAF entre les bases situées en Inde et Kunming, de décembre 1941 à octobre 1945. Et la construction de la fabuleuse Route Stilwell depuis l’Inde jusqu’à la Chine en passant par la Birmanie. Et celle de l’AL-CAN Highway (route entre Dawson Creek, en Colombie Britannique et Fairbanks, en Alaska). Bref, les défis logistiques colossaux, les Américains connaissent. Mais les temps ont changé ; les défis logistiques aussi, notamment en termes de vulnérabilité des vecteurs utilisés.
 
Sous la supervision du général Serge Maignon qui assure les fonctions de commandant du contingent français et de représentant national France (RNF), l’acheminement des moyens français investis dans Trident Juncture 2018 est réalisé par la branche logistique du poste de commandement du contingent français (PCCF). Renforcé par des militaires provenant de la 1ère Division, des directions et services, le PCCF assure également le soutien des unités françaises déployées. Il s’appuie, pour cette mission, sur l’expertise des équipes du Centre de transit et transport de surface (CTTS) de Montlhéry et sur un groupement de soutien interarmées de théâtre (GSIAT) armé et commandé par le 516ème RT de Toul, renforcé par le 14ème RISLP de Toulouse et le 7ème RMAT de Lyon. Le GSIAT a notamment en charge le soutien des équipements et des 500 véhicules français déployés pour l’exercice, dans un environnement hivernal.
 
A ce propos, une anecdote logistique au passage : faute d’avoir anticipé le cadre hivernal de cet exercice, l’armée néerlandaise n’a pu passer un marché dans le délai légal pour fournir à temps des vêtements suffisamment chauds à ses troupes. Solution improvisée, elle a donné 1.000 euros à chaque soldat pour s’acheter individuellement ce que bon lui semble pour se vêtir adéquatement. Ce type de système D est de toute manière déjà utilisé depuis longtemps dans les armées mais aux frais personnels des individus. En occasion sur des bourses d’échange, on trouve d’épais manteaux fourrés de l’armée polonaise pour 150 euros, ceci dit au cas où…

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