Les UAV viendraient-t-ils bientôt concurrencer le traditionnel vigile ? Tel le diable jaillissant de sa boîte, le drone Skeyetech présenté par Azur Drones durant Milipol est le premier UAV du genre autorisé à effectuer des missions de surveillance en totale autonomie. « Une première en France, car Skeyetech écarte le recours, parfois coûteux, à un télépilote », se félicite Yannick Péron, directeur opérations pour Azur Drones.
Le drone posé sur sa station d’accueil étanche
C’est sans aucun doute la grande force de Skeyetech : en misant sur l’autonomie, le système «
ne nécessite plus qu’un opérateur de télésurveillance pour accomplir sa mission », ajoute Péron. Produit de l’imagination de deux jeunes ingénieurs à l’origine de la start-up Skeyetech, le système éponyme a rapidement attiré celui qui est rapidement devenu l’un des leaders français du drone tactique. Et qui l’a donc logiquement racheté il y a quelques semaines, injectant au passage les fonds nécessaires à la concrétisation de ce projet novateur.
La commercialisation de Skeyetech est prévue pour la mi-2018, annonce Azur Drones, visiblement assailli de demandes provenant notamment de «
directeur de la sécurité de sites industriels sensibles, tels que les dépôts de munitions », déclare Péron.
Skeyetech n’est pas conçu pour de la surveillance 24/7 mais pour, une fois relié à un réseau de capteurs, au système d’alarme, etc, «
effectuer des rondes et de la levée de doute », explique Péron. En cas d’alerte, la station d’accueil s’ouvre automatiquement et lance en moins de 30 secondes un drone qui ira rendre compte de la situation in situ. Il peut également être programmé pour patrouiller à intervalles réguliers dans un secteur déterminé au préalable. Enfin, une station météo contrôle la force du vent et les précipitations afin de bloquer le lancement automatique en cas de dégradation des conditions climatiques.
Skeyetech dans son ensemble, dévoilé durant Milipol 2017
Quant au rechargement des batteries, Azur Drones avait à l’origine imaginé une solution basée sur une recharge sans fil à induction ne nécessitant pas le réalignement du drone mais «
trop lourde, trop lente », la société s’est finalement rabattue sur une connexion classique mâle-femelle. L’ensemble repose dans une station d’accueil de 2 x 1,8 x 1,1 m présentant un niveau de protection IP 67*, autorisant donc l’utilisateur à positionner le système en extérieur.
La version quadrirotor dispose d’une autonomie de 25-30 min pour un poids maximum de 3,5 kg. Elle est dotée d’un laser d’altitude LiDAR fournissant une précision de l’ordre du cm jusqu’à une altitude de 100 mètres. La gamme de charges utiles est aisément interchangeable en fonction des besoins de l’utilisateur, explique Azur Drones, qui, cocorico, a parié sur le savoir-faire d’une autre entreprises française, InPixal.
Fondée en 2012, Azur Drones a radicalement développé son activité sécurité et défense depuis fin 2015. Un portfolio étoffé avec l’arrivée de deux autres startups, Fly Eye (Nice) et Air City Diagnostic (Pau), dont l’achat résulte en partie de trois levées de fonds pour un total de 10M€. La société est aujourd’hui présente dans tous les domaines-clefs «
sauf celui de l’agriculture, déjà fortement congestionné », justifie Péron. Azur Drones fournit déjà la DGA, la Marine Nationale et la société Collecte Localisation Satellites (CLS). Dernier coup d’éclat ? Le lancement la semaine dernière d’une expérimentation de contrôle des pêches en baie de Saint-Brieuc (Bretagne) au profit des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture et des Transports.
* Totalement étanche à la poussière et protégé contre les effets de l’immersion jusqu’à 1 mètre de profondeur