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Le roman du Livre blanc. Chapitre 3.

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Peu avant Noël 2012, le général Bernard Thorette démissionne du groupe du travail n°5, chargé de réfléchir sur les « cohérences capacitaires » des armées. L’ancien chef d’état-major de l’armée de Terre ne faisait pas partie des 46 membres initialement nommés pour faire partie de la commission. Mais il l’avait rejoint quelques semaines plus tôt, à l’invitation de Jean-Marie Guehenno pour codiriger avec lui un groupe de travail.

Selon les explications officieuses qui apparaissent alors dans les médias, le général Thorette n’aurait pas été informé de la parution d’un document de synthèse auquel il n’avait pas été associé et dont il ne partageait pas les conclusions. C’est un premier coup de théâtre dans la rédaction du Livre blanc, mais un deuxième arrive bientôt : l’intervention française au Mali à partir du 11 janvier dans le cadre de l’opération Serval. Toutes les armées participent aux opérations, à un degré ou à un autre. Il s’agit tout autant de mener à bien la mission de destruction de l’ennemi que de figurer en bonne place sur la photo de groupe qui sera prise à l’issue de l’opération. On veut bien croire dans les armées que la démonstration de la valeur et de l’utilité des unités engagées dans Serval pourra servir de bouclier face au choc budgétaire sur lequel les rumeurs enflent.

Serval est également bien pratique pour justifier des retards qui s’accumulent dans la rédaction du Livre blanc. On feint de croire que l’opération au Mali bouleverserait l’équilibre géostratégique du monde, des intérêts français, et obligerait à une réflexion accrue sur le dimensionnement de l’outil militaire, avec un retard de plusieurs semaines à la clef. 

Sur le fond, peu de choses ont pourtant changé depuis 2008 et le monde n’est certainement pas moins dangereux qu’il ne l’était lors de la rédaction du précédent Livre blanc. Difficile dans ces conditions de justifier une réduction drastique du budget de la Défense.

Et pourtant, les mots qui font peur fleurissent dans les médias courant février. Les intérêts des uns et des autres, politiques, militaires et industriels, se croisent et se mélangent dans l’évocation de scénarios tous plus catastrophiques les uns que les autres. L’idée de tremblement de terre n’étant plus assez forte, on parle d’apocalypse, de tsunami. Vente du Charles de Gaulle, remise en cause du programme A400M, perte de 30.000 hommes pour l’armée de Terre… Les scénarios qui pétrifient les militaires se multiplient. Mais qui sonne le glas ?

Le 20 mars 2013, Gwendal Rouillard, député de la 5ème circonscription du Morbihan, publie une tribune libre sur son blog. Il y fait part de sa préoccupation face aux « scénarii envisagés par Bercy en matière de budget de la Défense ». L’homme est donné pour très proche du ministre de la Défense et l’hypothèse fait peu de doute pour les observateurs du monde politique : à travers Gwendal Rouillard, c’est bien Jean-Yves Le Drian qui donne de la voix.

A suivre

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