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Renouveler les capacités spatiales c'est assurer l'autonomie d'action des forces françaises

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45 883 images, soit environ cent vingt images par jour « sur toute la surface du globe », c’est la montagne de données récoltée par le commandement interarmées de l’espace (CIE) en 2016. Son commandant, le général Jean-Pascal Breton, était auditionné par la commission de défense nationale et des forces armées de l’assemblée nationale le 20 décembre 2017, à cette occasion il a indiqué quels étaient les besoins futurs de la France en matière de capacités spatiales.  

 

(Crédits : ESA)

(Crédits : ESA)


 

La revue stratégique, publiée fin 2017, abordait la question spatiale et elle en avait fait à ce constat : il faut moderniser les moyens spatiaux et assurer leur sécurité. Il y a une densification du trafic et donc un risque croissant de collision avec des débris « rendant nécessaire la maîtrise de la surveillance de l’espace et la résilience de nos capacités spatiales ». Dans ce sens, elle préconisait de faire progresser la protection des satellites. Outre les satellites, il faut protéger le segment sol du système spatial, que ce soit contre les attaques conventionnelles ou les attaques cyber. Autre priorité affichée pour le spatial français, celle d’une « capacité d’alerte avancée », qui doit permettre de mieux caractériser la menace balistique, déterminer l’origine d’un tir et évaluer la zone ciblée ». Si la revue stratégique a établi les grandes lignes poursuivies par la prochaine loi de programmation militaire, l’audition du général Breton, quant à elle, nous éclaire sur les besoins du segment spatial français pour ces prochaines années.

 

Après avoir rappelé l’implication de la France dans le domaine, « sur la douzaine de satellites de grande taille lancés chaque année dans le monde, les deux tiers ont été construits par Airbus ou Thales », le général Breton a exprimé le besoin d’une « gouvernance renforcée ». Abordant les questions de sécurisation et de résilience, il a souligné les possibles menaces qui retiennent l’attention du commandement interarmées de l’espace (CIE) : depuis la Terre ou l’espace, celles-ci pourraient être celles « d’actes inamicaux ou illicites », d’usage de la force pouvant dégrader les capacités spatiales mais peuvent d’ores et déjà concerner des manœuvres d’approche et d’observation de satellites ou des collisions. Il n’a pas écarté les menaces plus graves, comme les missiles anti-satellites que les Chinois ou les Américains ont déjà expérimenté : si la probabilité de leur utilisation est faible « il faut se garder de toute conclusion hâtive dans ce domaine ».

 

Concernant l’équipement des forces (programme 146), il a précisé que « l’effort portera principalement sur la modernisation des capacités de surveillance des orbites basses, sur les systèmes d’information, ainsi que sur les études relatives à notre capacité de surveillance des orbites géostationnaires ». Pour souligner l’effort à venir, Breton rappelle que les crédits de paiement des programmes spatiaux devraient être de l’ordre de 325M€ en 2018 conformément au projet de loi de finances, soit 25M€ de plus qu’en 2017. Surtout « ces crédits de paiement s’accroîtront avec le déploiement des satellites ».

 

Ce déploiement correspond à un objectif affiché de « renouvellement de l’ensemble » des satellites français, car pour « pouvoir opérer et commander depuis la France ou d’autres points particuliers », il faut une autonomie de décision et d’action. Une telle autonomie n’est possible qu’avec des systèmes modernisés et c’est dans ce sens que la France mettra en orbite une série de satellites de la génération SYRACUSE IV, répondant aux besoins en matière de de communication (numérisation des capacités, accroissement du volume de données). Dans le domaine du renseignement d’origine électromagnétique, les satellites ELISA seront retirés dans les années 2020 et remplacés par CERES (capacité de renseignement électromagnétique d’origine spatiale). De même, le déploiement du système Galileo à l’horizon 2020 devrait limiter la dépendance vis à vis des données du GPS américain. Enfin, « le calendrier de développement de la capacité de surveillance des orbites sera également consolidé », car si le programme GRAVES  (grand réseau adapté à la veille spatiale) est en passe d’être rénové, à l’horizon 2025 il restera incapable de détecter les nanosatellites, son remplacement devant donc être envisagé. « Nous devrons utiliser une autre technologie et changer totalement notre système radar », a clairement indiqué le général Breton.

 

Lors de ses voeux aux armées, Emmanuel Macron a parlé d’un « effort important » dans le domaine du renseignement, qui passe par une « posture permanente (…) s’appuyant sur la mise en service d’un segment spatial renouvelé » et intégrant une coopération européenne pour le « renouvellement et l’augmentation des capacités de détection ». Dans la suite du président français, Rome a prévu de se rapprocher de la France dans le domaine spatial. « Nous devons à présent réfléchir à un partenariat dans le secteur spatial. Nous devons le faire avec prudence, car il s’agit des entreprises sensibles, mais nous devons relever le défi » a ainsi déclaré ce 26 janvier le ministre italien de l’industrie, Carlo Calenda.

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