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Rafale : Indien vaut mieux que deux tu l’auras…

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Cette fois-ci on nous jure que c’est bon. Promis juré. De l’Elysée à Dassault, en passant par les agences de presse et la télévision, tout le monde est formel : le Rafale est déclaré vainqueur. Que Dassault ait emporté la compétition en étant le moins disant face au consortium Eurofighter peut sembler frustrant, eu égard aux performances du Rafale et à son pedigree de guerrier. Mais c’est ainsi, ne boudons pas notre plaisir. Reste toutefois à négocier les termes précis du contrat, et la route promet d’être longue et dangereuse. Un recours du consortium Eurofighter est d’autant moins à exclure que Dassault ne se prive pas lui même de faire une contre-offre en Suisse, face au Gripen cette fois. Les Américains, qui se font un devoir d’étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance européenne en matière d’avions de combat, ne devraient pas non plus se priver de monter des embuscades. Les expériences du passé, du Maroc à la Suisse en passant par le Brésil, commandent la prudence tant aux négociateurs qu’aux commentateurs.

Ce blog, consacré à la communauté terrestre de Défense, n’a pas vocation à évoquer le programme Rafale. Mais il serait dommage de ne pas voir que les bénéfices potentiels d’un contrat en Inde déborderaient largement du seul cadre de l’industrie aéronautique française. Car c’est un fait, ce contrat pour 126 avions (dans un premier temps) va durablement impacter un large pan de l’industrie française de défense. Relisons pour mémoire ce que déclarait le 5 octobre dernier M. Laurent Collet-Billon, délégué général pour l’armement, dans le cadre de son audition relative au projet de loi de finances 2012 :

« Aujourd’hui une partie importante du budget des études amont contribue au soutien des bureaux d’étude, en particulier dans le domaine aéronautique compte tenu de l’absence d’exportation du Rafale. Si, comme nous le souhaitons, un grand contrat d’exportation se concrétise, nous serons amenés à revoir de façon radicale l’emploi de ces sommes, un tel contrat comprenant des développements qui viendront nourrir les bureaux d’études ».

En d’autres termes, l’exportation du Rafale en Inde autorisera un redéploiement des budgets étude amont vers d’autres secteurs. L’impact du contrat se fera également sentir auprès des fournisseurs et partenaires de premier rang du programme (Safran, MBDA, Thales…) qui sont aussi pour la plupart impliqués dans des programmes terrestres au travers de leurs différentes sociétés ou filiales. Ce qui sera bon pour les branches aéronautiques de ces grands équipementiers ne devrait pas être mauvais pour leurs activités terrestres…

Autre effet collatéral non négligeable, la vente du Rafale à l’Inde va permettre de donner un peu de marge de manœuvre au ministère de la Défense en rééquilibrant la loi de programmation militaire bâtie en 2008. Celle-ci tablait en effet sur l’exportation de onze avions d’ici 2013 pour maintenir un plan de charge minimal en production (un avion par mois, soit douze par an, pas un de moins). Les 18 appareils achetés dans un premier temps par l’Inde et qui seront assemblés en France seront autant d’appareils prélevés sur les chaines de Mérignac et que le budget de la Défense n’aura pas à payer. Un grand bol d’air pour le budget de la Défense. Quant aux opérationnels français, ils attendront un peu plus longtemps pour recevoir leurs propres appareils. Mais ça ils savent faire, ils ont de l’entrainement…

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