(Crédits : Ministère des Armées)
Qui succèdera au groupe Bolloré pour réaliser l’affrètement terrestre au profit des forces françaises stationnées en Afrique de l’Ouest ? La question est à nouveau posée dans un appel à candidatures diffusé hier par le ministère des Armées et principalement destiné au soutien du dispositif Barkhane.
Artère vitale pour les milliers de militaires de l’opération Barkhane, de la Task Force Sabre et stationnés en Côte d’Ivoire (FFCI), le fret de surface démarre de Côte d’Ivoire pour ensuite parcourir les centaines de kilomètres le séparant des principales emprises françaises « au Burkina-Faso, au Niger et au Mali ». Et vice-versa.
La majorité des trains logistiques démarrent du port d’Abidjan, l’un des trois SPOD (Sea Port of debarkation) de l’opération Barkhane. Le ministère des Armées conservera Cotonou (Bénin) comme point d’entrée secondaire ponctuel, à partir duquel au moins une mission d’affrètement sera commandée par an. Un ou plusieurs autres ports de départ peuvent être ajoutés par l’introduction d’un avenant.
Ce marché, actuellement détenu par Bolloré Logistics France, sera conclu pour une période initiale de deux ans éventuellement reconduite tacitement une durée totale ne pouvant excéder sept ans. Si la Plate-forme affrètement et transports (PFAT) du ministère des Armées détermine les points d’arrivée et de départ, elle n’impose « ni cinématique, ni moyen de transport particulier (vecteur) ».
L’opacité des différents marchés d’affrètement du théâtre ouest-africain avait été longuement épinglée dans un rapport d’information réalisé l’an dernier par le député LR François Cornut-Gentille. Celui-ci y pointe notamment la place centrale du groupe Bolloré dans les externalisations du soutien en opération extérieure. Depuis le retrait d’ICS, le groupe français est en effet devenu le premier prestataire 100 % privé des forces armées avec un chiffre d’affaires de plus de 104 M€ entre 2014 et 2017 grâce à l’externalisation. Sa filiale « Bolloré Logistics » aura engrangé 65,3 M€ en 2018 avec les Armées, dont 18,2 M€ pour le seul marché « fuseau Ouest ».
Déjà complexifié par la multiplication des filiales, le montage effectué par Bolloré en Afrique implique « plusieurs dizaines de sous-traitants locaux de diverses importances ». Une situation dénoncée par le député Cornut-Gentille, selon qui la sous-traitance, source de fragilité et de surcoût, « doit se limiter à un seul niveau et être réduit dans son ampleur ». Cette nouvelle contractualisation apportera peut-être un regain de lisibilité bénéfique tant pour les gestionnaires de la PFAT et du SCA que pour l’exercice du contrôle parlementaire.