Rare éclaircie dans un contexte économique morose, la baisse de l’inflation en France aura pour conséquence inattendue de générer des fonds supplémentaires au profit de l’aide militaire allouée à l’Ukraine, annonçait cette semaine le ministre des Armées face aux parlementaires.
Adoptée « dans des contextes d’inflation qui étaient mauvais », la loi de programmation militaire 2024-2030 bénéficie finalement d’un environnement plus favorable qu’attendu. De fait, l’indice des prix à la consommation s’est replié à 1,1 % sur un an au moins de septembre. De quoi revoir à la baisse l’évaluation initiale d’environ 30 Md€ absorbés par l’inflation sur les sept années de LPM et amener un peu de souplesse dans la programmation budgétaire des armées.
« Ces marges de manœuvre, en 2024, elles sont colossales », observait le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Le chiffre doit encore être affiné mais se situe pour l’instant dans une tranche de 400 à 600 M€. Plutôt que d’accélérer tel ou tel programme d’armement ou de les renvoyer dans les caisses de l’État, le ministère, en concertation avec Bercy et les Premier ministres successifs, réorientera ces gains vers l’aide à l’Ukraine « et donc sur des commandes qui vont à nos industriels ».
Ce coup de pouce viendra s’ajouter aux quelque 300 M€ amenés par l’Europe à partir des intérêts des avoirs russes gelés. L’ensemble permettra de concrétiser certains achats urgents. Ce sont les obus d’artillerie de 155 mm, dont 30 et 40 000 exemplaires devaient être livrés par KNDS France d’ici fin d’année selon le ministre. Ce sont aussi du carburant, des canons CAESAR et des rénovations de munitions complexes comme les missiles air-sol SCALP et sol-air Aster, a énuméré Sébastien Lecornu.
La France aura soutenu militairement l’Ukraine à hauteur de 3,8 Md€ en 2022 et 2023, rappelait Sébastien Lecornu. Si le président de la République avait promis « jusqu’à 3 Md€ » en 2024, l’aide française dépassera en réalité davantage les 2 Md€ qu’elle n’atteindra le milliard supérieur. En cause, une date de cession des avions Mirage 2000-5 qui n’est pas arrêtée et une copie à affiner quant à la valeur des équipements qui armeront les 4500 combattants ukrainiens de la future brigade 155 « Anne de Kyiv », dont plus de la moitié sont formés en ce moment dans le nord-est de la France. Ils retourneront en Ukraine dotés de 128 VAB, 18 canons CAESAR, 18 engins de reconnaissance AMX 10 RC, 10 camions TRM et 20 postes antichars MILAN.
« Tout cela n’est pas encore consolidé », continue le ministre des Armées tout en rappelant qu’ « il y a un décalage entre ce que l’on donne et l’impact que cela a sur les crédits de paiement ». Une chose est sûre, l’entrée en service et la commande de matériels de nouvelle génération permettront de continuer à céder une partie de ceux destinés à sortir des parcs français. Une dynamique complémentaire de la production d’équipements neufs et valorisée à 177 M€ en 2023, 533 M€ en 2024 et d’ores et déjà estimée à près de 700 M€ pour 2025.
Crédits image : KNDS France