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Repenser l’accompagnement social des militaires

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Paupérisation, reconversion difficile, explosion des divorces,…l’intensification opérationnelle soumet désormais les dispositifs sociaux des militaires à de nouvelles pressions. Car « une armée en temps de paix ne requiert pas le même accompagnement social qu’une armée combattante », s’inquiète à juste titre le co-rapporteur et députée socialiste Geneviève Gosselin-Fleury dans un rapport parlementaire sur la protection sociale des militaires présenté devant la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale le 22 février 2017.
 

Mobilisation et éloignement continus, deux nouveaux paramètres dont il faut désormais tenir compte pour repenser la protection sociale du soldat français

Mobilisation et éloignement continus, deux nouveaux paramètres dont il faut désormais tenir compte pour repenser la protection sociale du soldat français


 
Non seulement le volume de militaires déployé en opération a quadruplé en 2015, mais le nombre moyen de jours passés en OPEX/OPINT des militaires de la force opérationnelle terrestre « a augmenté de 43% dans la même période » pour atteindre jusqu’à 220 jours pour certaines unités, constate Gosselin-Fleury. Ce contexte opérationnel ainsi que les mutations touchant la société française soumettent les dispositifs d’accompagnement « à de nouvelles tensions », révèle ce rapport parlementaire, ce qui peut avoir de lourdes conséquences pour l’équilibre familial des militaires. Or, dans ses vœux du 9 janvier 2017, le président de la République François Hollande ne déclarait-il pas qu’il fallait porter « une grande attention à la situation des familles, parce qu’elles vivent également des contraintes de l’état militaire : elles doivent être accompagnées » ?
 
Considérée comme la « base arrière » du soldat, la famille est en effet mise à rude épreuve suite, notamment, à la multiplication et à l’accélération des mutations. Celles-ci obligent les soldats à faire et refaire régulièrement leurs valises, empêchant toute fixation territoriale, menaçant le développement scolaire des enfants, et menant malheureusement à l’éclatement du noyau familial. De plus, près de 51% de ces mutations sont annoncées avec un préavis inférieur à trois mois, ne laissant que peu de temps aux familles pour organiser un éventuel déménagement. Résultat : si 72% des militaires vivent en couple, les séparations sont nombreuses et, « à trente ans, un quart des militaires aurait déjà rompu une union au moins une fois », précise le rapport.
 
Il devenait donc impérieux, expliquent Geneviève Gosselin-Fleury et son co-rapporteur, le député Les Républicains Charles de La Verpillière, de revoir un modèle social inadapté.
 
Lourd, contradictoire, limité, et – étonnamment – peu connu des soldats français, le paquetage social offert aux militaires nécessite « une simplification des dispositifs et une évolution des modes de communication », explique de La Verpillière. Face à ce constat, les deux députés proposent une dizaine de recommandations « pour mieux prendre en compte les familles de militaires dans leur diversité ». Le rapport insiste notamment sur le ralentissement du rythme des mutations et sur l’adaptation du calendrier correspondant. Ce rapport suggère par exemple de prévenir les familles au plus tard en janvier pour un changement durant l’été, afin de leur laisser le temps de prendre les mesures nécessaires en terme d’inscription scolaire, de recherche d’un nouveau logement, etc.
 
La politique de logement du ministère de la Défense doit ainsi être repensée pour mieux répondre à deux objectifs souvent contradictoires, à savoir « favoriser la mobilité de tous les militaires » tout en menant « une politique sociale à l’égard des militaires aux revenus les plus modestes », précise Charles de La Verpillière. Cette politique se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, annonce le rapport, qui propose de conduire une étude prospective sur « les attentes des personnels en termes de logement ».
 
Alors sommes-nous à la veille d’une avancée sociale majeure ? Quoi qu’il en soit, l’évolution de l’accompagnement des soldats ne doit en rien nier leur « militarité » en se rapprochant à l’excès des droits conférés aux civils, conclut de la Verpillière. S’il est impossible d’annuler toutes les contraintes liées à cette « militarité », l’appareil étatique devra en revanche s’attacher à les compenser.

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