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Le papillon afghan

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Il aura donc suffi qu’un soldat afghan isolé abatte des instructeurs français pour infléchir la politique française. Bel exemple d’effet papillon à la sauce afghane, un événement limité dans le temps et l’espace débouchant in fine sur un impact stratégique majeur, avec un effet de levier dont les sociétés occidentales ont le secret.

La venue d’Hamid Karzai à Paris vendredi dernier a permis de donner un vernis officiel aux réactions émotionnelles de la semaine dernière. Il ressort en premier lieu de cette visite une accélération du retrait des troupes françaises, qui s’achèvera fin 2013. Cette date, ce n’est pas un hasard, est un compromis parfait entre la fin 2012 demandée par certains et la fin 2014 initialement prévue par le calendrier de l’Otan. La chèvre des engagements de la France et le chou de l’opinion publique semblent ainsi correctement ménagés. Les 600 soldats qui devaient être retirés en 2012 seront donc mille. C’est du moins ce qui est prévu aujourd’hui, l’élection présidentielle à venir pouvant apporter quelques chamboulements supplémentaires.

Peu importe toutefois la date retenue, l’essentiel étant que les Occidentaux ont montré finement leur envie de partie coûte que coûte. Les plus patients des insurgés n’ont plus qu’à attendre que le fruit tombe directement dans leurs mains. Les plus impatients se feront un plaisir de secouer un peu plus fort le cocotier… Pour les autres, il reste encore quelques mois pour retourner la veste…

Cette accélération du retrait français est rendue possible par le transfert à l’Armée Nationale Afghane (ANA), et ce dès le mois de mars, de la responsabilité de la sécurité en Kapisa. Une décision également annoncée à l’occasion de la rencontre Sarkozy/Karzaï et qui surprend non pas sur le fond mais sur la forme : ce transfert était bien prévu par la coalition mais ne devait se faire qu’en 2014. Mais comme l’a si bien expliqué le président de la République « C’est parce que nos soldats ont fait un travail remarquable que nous pouvons passer le relais à nos amis afghans, nous n’avons pas attendu la tragédie de ces jours derniers pour décider cela. (…) Nous faisons confiance au président Karzaï ». Fermez le ban !

Pour donner le change, la France réitère dans la foulée sa volonté de laisser des formateurs en Afghanistan après le retrait complet des « troupes combattantes ». Cette mesure est listée dans le traité de coopération signé entre la France et l’Afghanistan, traité qui vivra aussi longtemps que le régime du président Karzaï après le départ de l’Otan. Le nombre précis de ces conseillers n’est pas établi, mais il est estimé par l’Elysée à « quelques centaines », ce qui reste considérable et ne manquera pas de soulever d’épineuses questions de sécurité pour ces hommes.

Reste un point d’interrogation massif sur la logistique du retrait à venir, question déjà abondamment commentée ici et là. On rappellera seulement que les Soviétiques avaient su se replier en bon ordre après avoir négocié la tranquillité de leurs convois. La sécurité, ça s’achète… L’installation d’une représentation diplomatiques des « Talibans » au Qatar ces jours-ci ouvre d’ailleurs la porte aux rencontres entre Américains, gouvernement afghan et insurgés. Ce qui permettra peut-être de fixer un prix ?

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