On prend (presque) les mêmes et on recommence ? Après un premier essai infructueux, la Suisse vient de relancer l’effort de renouvellement de sa défense sol-air moyenne portée au travers d’un programme homonyme (DSA MP). Trois industriels sont désormais en lice, dont MBDA.
Deux mois, c’est le délai laissé à MBDA, à l’allemand Diehl Defence et au duo américano-norvégien Raytheon-Kongsberg pour répondre à la demande d’offre émise fin avril par armasuisse, responsable des acquisitions d’équipements au profit des forces armées suisses.
MBDA misera a priori sur la famille CAMM, déjà sélectionnée par l’Italie, la Pologne et le Royaume-Uni. L’offre allemande devrait reposer sur le système IRIS-T SLM, tandis que Raytheon et Kongsberg sont depuis longtemps associés autour du système NASAMS.
Il s’agit de la seconde tentative de la Suisse de renouveler son segment moyenne portée. Avant DSA MP, le projet DSA/BODLUV 2020 avait défriché le terrain avant d’être suspendu sine die au printemps 2016. Conduites par Thales Suisse, les évaluations portaient déjà notamment sur les systèmes CAMM ER et IRIS-T SLM.
Tout comme BODLUV 2020, le programme DSA MP « est censé combler une lacune existante en matière de sécurité et de capacités », les systèmes actuels ayant « bientôt atteint la fin de leur durée d’utilisation » ou étant dotés d’une portée limitée, à l’instar des systèmes Rapier et Stinger.
Les offres sont attendues d’ici la mi-juillet en vue d’une décision programmée pour l’automne prochain. Contrairement à ce qu’avancent certains, aucun budget prévisionnel n’a été détaillé par les autorités. Proposés par les industriels, les coûts de l’achat et du cycle de vie seront un « point de départ contraignant pour les négociations détaillées en vue de l’acquisition ».
Seule référence crédible, BODLUV 2020 devait coûter entre 650 M€ et 1 Md€ à l’époque de sa suspension. Si l’intégration dans la planification est programmée pour 2025, le projet DSA MP « doit être mené à bien rapidement », relève armasuisse. Son intégration dans le budget 2024 est donc à l’étude afin de pouvoir traiter l’acquisition dès cette année.
Derrière les capacités techniques, l’offre industrielle comprend un volet essentiel de coopération internationale, qu’il s’agisse d’uniformisation du bouclier anti-aérien ou de l’instruction, de l’entraînement et de la maintenance. Si la Suisse vient d’adhérer à l’European Sky Shield Initiative (ESSI), ce projet piloté par l’Allemagne « ne préjuge toutefois pas du choix du système, d’autant plus qu’elle n’affecte pas les compétences nationales en matière d’acquisition », assure armasuisse.
Pour MBDA, c’est aussi l’occasion d’oublier la candidature malheureuse – via Eurosam – au segment haut de la DSA suisse, marché décroché par Raytheon et son système PATRIOT. Restera, enfin, la perspective d’un renouvellement du segment courte portée, autre effort « pour sa part prévu dans les années 2030 » et pour lequel le missilier européen aura peut-être une nouvelle carte à jouer.
Crédits image : MBDA