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Mali : on prend les mêmes et on recommence ?

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kidalLe 20 septembre dernier, à Bamako, François Hollande déclarait « nous avons gagné cette guerre, nous avons chassé les terroristes ». Patatras… La mort tragique à Kidal de deux journalistes de RFI qui coïncide (est ce un hasard ?) avec la libération des otages du Niger, a malheureusement mis à mal cette déclaration optimiste. Mais ce double assassinat, qui a pris un relief particulier dans les médias français dominés par les réactions émotives, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car sur le fond, le problème du « terrorisme » et du Mali tout entier ne semble pas avoir été réglé. Deux semaines avant la mort des deux journalistes, le lancement de l’opération Hydre montrait déjà que rien n’était réglé dans le nord : 1500 hommes de Serval, de la Minusma et des forces armées maliennes opéraient au sud et au nord de la boucle du Niger avec comme objectif, « le maintien de la pression sur les groupes terroristes » nous expliquait-on officiellement. Belle phrase en vérité, qui vient non seulement contredire la déclaration du président de la République (doit on maintenir la pression sur quelque chose qui n’existe plus ?) et qui pose surtout un redoutable problème de physique. Sigourney Weaver se battant au lance-flamme contre Alien nous avait rappelé que « dans le vide, personne ne vous entend crier ». Plus près de nous, c’est Sandra Bullock qui se livre dans Gravity à des expériences de physique amusante sur la pressurisation en orbite terrestre. Maintenir une pression dans le vide politique et géographique du Sahel n’est pas plus facile ni moins dangeureux.
Certes le massif des Iforas a été « nettoyé » au cours de l’opération Serval et le bilan militaire de l’opération est flatteur. Mais cette réussite n’a aucunement réglé la question de l’irrédentisme du nord du pays sur lequel prospère l’islamisme. Comment aurait-il pu en aller autrement ? On a donc bien compris que les « terroristes », si toutefois ils avaient été véritablement chassés, sont maintenant de retour. « L’action française relève maintenant du contre-terrorisme » déclarait mercredi à l’assemblé nationale Jean Yves le Drian. Pour cette nouvelle phase qui débute, la France réarticule son dispositif : les maigres effectifs présents sur l’aéroport de Kidal (on parle de seulement 200 hommes) seront renforcés et l’objectif de réduire rapidement l’empreinte française dans le pays sera difficile à tenir. Pas plus qu’une opération militaire, la tenue des élections législatives le 24 novembre prochain ne garantira la stabilité à venir. Plus à l’est, l’opération Epervier débutée au Tchad en 1986 pour une banale histoire là aussi de dépressurisation du nord  du pays dure toujours… Et juste au sud du Tchad, c’est à présent une opération qui se prépare en République Centre Africaine, ventre mou de l’Afrique Noire francophone. Le tout sur fond de dissolution des régiments et de paupérisation des armées. On souhaite bon courage aux planificateurs de l’EMA…
Notre illustration : les forces spéciales françaises dans Kidal, début 2013 (DR)
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