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Mali : l’opération Serval monte en puissance

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Le point sur le dispositif terrestre

 

Les frappes aériennes continuent, tandis que les forces terrestres se mettent en place. Vu le comportement combatif des 6000 rebelles estimés, qui viennent de reprendre Diabali, à l’ouest du Mali, les engagements au sol s’annoncent inévitables. Konna n’est pas Bengazi. Faute de réactivité de l’Europe, les combattants réguliers maliens n’ont pas eu le temps d’être entraînés, encadrés ni armés. L’armée française ne peut donc, dans l’immédiat, compter que sur elle-même.

La montée en puissance des moyens français au Mali continue. De 400 à samedi, la force a atteint aujourd’hui 700 soldats, et les rotations s’accélèrent. Les Français ont pour l’instant mis en place deux forces au Mali : l’une au Sud du pays à Bamako, qui doit sécuriser les 6000 ressortissants français (mais aussi ceux européens) et également les points stratégiques du sud (dont l’aéroport de la capitale où viennent de s’installer des mirages F1CR). On imagine que ce premier GTIA (Groupement Tactique Interarmes) sera sollicité en cas d’attaque au sud du pays. Comme le laisse penser l’offensive réussie hier de Diabali menée par les rebelles, des attaques pourraient être organisées depuis la Mauritanie pour déstabiliser le sud, là où le dispositif armé est le plus faible.

 

Le deuxième GTIA est sur la ligne de front, au centre (on imagine à Sévaré, qui dispose d’un aéroport, là où l’armée malienne a disposé son PC et le gros de ses forces) et qui a permis de stopper l’avancé des djihadistes et la reprise de Konna.

Concernant le volume de ces deux GTIA, à terme ils devraient chacun compter environ 1000 à 1500 soldats, de différentes armes (infanterie, génie pour le franchissement et les combats en zone urbaine, artillerie, cavalerie…), soit au total pas loin de 3000 hommes et femmes en uniforme.

 

Les unités

Ces forces, pour des raisons évidentes de logistique sont tout d’abord fournies par les forces françaises pré-positionnées dans la région, à savoir du Tchad (dispositif Épervier, principalement armée de l’air, mais il compte aussi une compagnie renforcée d’environ 200 soldats) ; de Côté d’Ivoire (environ 450 soldats dont des éléments cavalerie avec les Sagaie), du Sénégal et du Burkina pour les forces spéciales. Ces troupes sont issues de la 6ème BLB (Brigade Légère Blindée) de Nîmes et 11ème BP (Brigade Parachutiste) de Toulouse.

 

Actuellement ce premier volume de force commence à être renforcé par des unités de l’armée de terre basées en France. Ces forces sont prélevées sur le dispositif Guépard, qui est assuré par deux brigades : la 9ème Bima (9e brigade d’infanterie de marine) et la 3ème BM (Brigade Mécanisée) de Clermont-Ferrand. Ce dispositif Guépard est en fait les forces qui sont en alerte sur le territoire national, prêtes à être projetées en cas de besoin. Ce second volume de forces peut monter jusqu’à la projection de 5000 hommes en 9 jours. Les premières forces d’alerte Guépard sont parties de France hier.

Les matériels

En ce qui concerne les matériels déployés, on peut s’attendre à la projection d’un volume de 250 à 300 véhicules côté français. Des véhicules de transport bien sûr, mais aussi de combat. Camions TRM, VLRA très bien adapté aux conditions désertiques ou PVP (Petit véhicule protégé) devraient être de la partie. Mais une fois de plus c’est le vieillissant VAB qui sera la colonne vertébrale de la force Serval.

Si différentes configurations, armées ou non, seront projetées, on peut remarquer que la version la plus moderne du VAB, « l’Ultima », qui bénéficie d’un moteur plus puissant, de protections améliorées (passive et active comme la détection de tir) et d’un armement efficace (Tourelle Top de 12.7 mm) n’est pas disponible ! Car les quelques VAB Ultima sont aujourd’hui tous engagés en Afghanistan et assurent la sécurité du retrait français.

 

La cavalerie amènera sa puissance de feu, avec l’incontournable VBL (véhicule blindé léger) véhicule d’éclairage et de combat, alors que des véhicules Sagaie ERC-90 de la force Licorne (Côte d’Ivoire) sont déjà arrivés. Le Sagaie est un véhicule blindé léger, un peu dépassé il faut l’avouer, mais bien adapté au théâtre africain, il aura été de tous les engagements africains depuis 30 ans. Technologie d’un autre âge (pas de système de numérisation), blindage très léger, il bénéficie cependant d’une puissance de feu intéressante grâce à son canon de 90 mm. La Sagaie est un véhicule qui était donné bon pour la casse il y a quelques années, mais l’armée de terre fait avec ce qu’elle a, ou plutôt avec ce qu’elle n’a pas, et est contrainte de tirer ses matériels jusqu’au bout.

Autre char léger qui sera déployé, lui un peu plus moderne (la conception remonte cependant aux années 80), c’est l’AMX10RC (Roue Canon), blindé plus lourd, de la classe des 20 tonnes. Il a fait l’objet d’un programme de modernisation début des années 2000. Canon de 105 mm, surblindage, numérisation, l’AMX10RC a été pendant des années le « muscle » de l’armée de terre en Afghanistan.

Vers du plus lourd ?

Si dans un deuxième temps, l’armée de terre a besoin de monter en gamme, elle pourra déployer ses VBCI (Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie). Véhicule blindé de dernière génération de la classe des 30 tonnes, il est capable de transporter en toute sécurité un groupe de combat et dispose d’un canon de 25 mm. Son avantage par rapport au Sagaie, VAB et AMX10RC : sa protection et sa mobilité.

 

Côté artillerie, la question est de savoir si des canons automoteurs Caesar de 155 mm seront envoyés. Si c’est le cas, c’est que les choses vont mal ! Car le Caesar a une puissance de feu impressionnante, délivrant de manière très précise le plus gros calibre de l’armée française jusqu’à 40 km. Très utilisé en Afghanistan, effet garanti !

Enfin en ce qui concerne l’armement collectif, outre les nécessaires mortiers, divers types de missiles seront probablement engagés, à savoir Hot, Eryx, Milan ou le Javelin américain, acheté en urgence pour le théâtre afghan et mis en œuvre par l’infanterie.

Reste aussi à savoir si l’armée de terre enverra son seul drone, le SDTI, une cellule aujourd’hui un peu dépassée et fragile comparé aux références modernes, mais qui pourrait apporter de précieux renseignements en toute discrétion grâce à ses caméras jour/nuit optique et infrarouge. Le SDTI est mis en œuvre par le 61ème régiment d’artillerie.

 

En résumé, si l’armée de terre dispose de moyens suffisants pour défaire les rebelles djihadistes, la vétusté de certains matériels pourrait poser problème. Outre de probables tracasseries mécaniques pour des véhicules accusant plus de 30 ans d’âge, certains blindés sont fragiles face aux moyens des rebelles. Le très utilisé canon ZSU (canon antiaérien d’origine russe) ou le 14,5 mm pourraient percer bien des blindages français, sans parler des roquettes RPG. Mais à reporter sans cesse des programmes demandés par l’armée de terre, c’est le prix à payer. Cependant, l’expérience devrait combler ces points faibles. L’Afghanistan est encore frais, toutes les unités françaises y ont séjourné et combattu : les réflexes, techniques et modes opératoires sont bien rodés.

 

Photos: Rotation française vers le Mali (crédits: Mindef) / Chars Sagaie en Côte d’Ivoire (crédits Mindef) / char AMX10RC (crédits: G Belan)

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1 Commentaire

  1. SPARTACUS84 15 janvier, 2013

    excellent article de synthese merci

    Répondre

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