LOADING

Recherche

L’Ukraine, principal souci persistant de l’OTAN

Partager

Le conflit en cours en Ukraine reste au sommet des préoccupations de l’OTAN dans ses relations avec la Russie, ressort-il du dernier Conseil atlantique tenu à Washington, D.C. Vu que Moscou a ignoré les frontières internationalement reconnues et occupé la Crimée avant de se lancer dans l’armement, l’équipement, l’approvisionnement et le soutien financier des séparatistes dans l’est de l’Ukraine en 2014, les 29 membres de l’Alliance enverront un message de soutien au gouvernement de Kiev.
 

La guerre en Ukraine constitue la préoccupation principale de l'OTAN vis-à-vis de la Russie mais n'est certes pas la seule ! (photo : GIS)

La guerre en Ukraine constitue la préoccupation principale de l’OTAN vis-à-vis de la Russie mais n’est certes pas la seule ! (photo : GIS)


Ce soutien est tangible grâce à une présence au sol accrue dans les pays baltes, en Pologne et en Ukraine même, où des unités d’entraînement sont et seront envoyées. Ce soutien comprend également une présence navale plus importante dans la mer Noire pour dissuader toute future agression du Kremlin dans la région. Il s’agit de montrer à la Russie qu’il n’y a pas de dissuasion à deux niveaux dans l’Alliance le long de ses flancs est et sud.
 
Kaye Bailey Hutchinson, représentante permanent de l’OTAN aux États-Unis et ancienne sénatrice du Texas, a félicité le général Curtis Scaparrotti, commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), d’avoir mis en place davantage de « pions » dans plusieurs régions du continent, révisé la structure de commandement militaire de l’Alliance et accordé plus d’attention à la zone maritime avec la création d’un commandement interarmées allié atlantique.
 
Scaparotti tient pertinemment compte du surcroît d’activité navale russe dans les régions du Groenland, d’Islande, du Royaume-Uni et dans l’Atlantique Nord, et maintenant dans l’Arctique. Sécuriser les lignes de communications maritimes et protéger les infrastructures maritimes, en particulier les câbles qui convoient de grandes quantités de données commerciales et financières entre les continents, fait partie de cet accent mis sur la dissuasion qui sera souligné au Sommet de Bruxelles en juillet, a prévenu Sarah MacIntosh, la représentante du Royaume-Uni. Même si Londres se retire de l’Union européenne, La Grande-Bretagne reste le deuxième plus important contributeur financier et militaire de l’OTAN.
 
La création d’un commandement logistique de l’OTAN, basé en Allemagne, et le prépositionnement massif de matériel en divers points de l’Europe constituent un signal envoyé à Moscou que les forces peuvent être déplacées rapidement d’un point du continent à l’autre et y être très rapidement opérationnelles. Le renforcement rapide et la détection précoce des alertes sont des objectifs pour l’alliance depuis 2014, a ajouté MacIntosh, et ils sont atteints. Elle a distingué le centre des opérations cybernétiques comme montrant une nouvelle adaptabilité à l’OTAN à un environnement de sécurité changeant sur le continent et répondant à de nouvelles menaces dans la guerre hybride de Moscou et d’autres nations, ainsi que des groupes extrémistes en Europe et au Moyen-Orient.
 
Depuis 2014, quand la Russie a enfreint l’ordre établi en Europe et a essayé de le remplacer par sa stratégie de sphères d’influence pour justifier son action en Ukraine et l’intimidation à l’égard des pays baltes, il existe un « flou des lignes entre la guerre et la paix »… Ce n’est pas pour rien que le gouvernement suédois vient de distribuer à l’échelle nationale un livret destiné à expliquer à la population que faire en cas de guerre, l’assaillant – non désigné mais le plus évident – étant pointé du doigt : la Russie.
 
Pour ne rien arranger, il y a cette annonce faite ce jeudi 24 mai dans une conférence de presse aux Pays-Bas : les enquêteurs internationaux ont révélé ce jeudi de quelle unité militaire russe provenait le missile qui a abattu le vol Malaysian Airlines MH17 au-dessus de l’Ukraine en 2014, sans toutefois dire qui l’avait tiré. « Les enquêteurs ont conclu que le système russe de missile antiaérien Bouk-Telar qui a abattu le MH17 provenait de la 53e brigade anti-aérienne basée à Koursk, en Russie », a annoncé l’enquêteur néerlandais Wilbert Paulissen. « La 53e brigade fait partie des forces armées russes », a-t-il ajouté. Les enquêteurs sont même parvenus à retracer l’itinéraire suivi par le lance-missile jusqu’au lieu du tir. Un convoi de 50 véhicules, dont six systèmes de missiles Bouk-Telar, avait quitté la base de Koursk le 23 juin 2014, selon les enquêteurs. Le système qui a abattu le Boeing a été filmé plusieurs fois les 17 et 18 juillet dans l’Est de l’Ukraine, transporté sur un semi-remorque. Selon l’enquêteur Paulissen, le missile Bouk possède nombre de caractéristiques uniques qui en tant que telles constitueraient une sorte d’empreinte digitale pour un missile.
 
L’investigation menée par les Pays-Bas est actuellement centrée sur une centaine de personnes soupçonnées de jouer un rôle actif dans ce désastre. Aucun nom n’a jusqu’à présent été cité mais deux personnes mentionnées sous les noms de code « Orion » et « Delfin » ont été identifiées comme les principaux suspects sur la base d’enregistrements de leurs conversations avant et après le crash. L’équipe internationale d’enquêteurs a publié un appel à témoins pour essayer de reconnaître les tireurs présumés responsables des tirs. Sous les pseudo Orion et Delfin, on retrouverait les noms de Andreay Ivanovich et Nikolay Fiodorovich. Mais la Russie conteste sa responsabilité avec une mauvaise foi aussi irritante que grotesque, rejetant la faute sur l’Ukraine sans pouvoir en fournir le moindre début de preuve. Ceci dit, un esprit critique doit toujours se montrer ouvert à la démonstration incontestable d’une vérité dérangeante. Good luck, Vladimir !
 
Le général en retraite Philip Breedlove, ancien SACEUR, a déclaré qu’aucun pays ne demande une guerre avec la Russie : « Il n’y a pas de général qui se réveille le matin et dise qu’il veut se battre contre la Russie. Mais je peux vous assurer que, dans le cas d’une menace éventuelle, l’Alliance fera ce qu’elle doit faire. Si la Russie attaque n’importe quel Etat de l’Alliance, les Etats-Unis réagiront, comme les autres pays de l’OTAN ». Le général Curtis Scaparrotti, actuel SACEUR, fait tout ce qui doit être fait dans ce but. Ceci dit, avec un président aussi capricieux et imprévisible que Donald Trump, les membres européens de l’Alliance et l’Union européenne ont grand intérêt à renforcer leur capacité propre à assurer leur défense. Tout le monde en parle mais on guette les signes de concrétisation.
 
Le dossier se complique encore si l’on considère que les pays de l’UE ont un intérêt certain à conserver des relations correctes avec Moscou pour discuter du moyen de maintenir en vigueur l’accord nucléaire avec l’Iran malgré le retrait unilatéral et contestable des Etats-Unis décidé par un président dont l’arrogance et l’égocentrisme occasionnent des dégâts croissants dans les relations internationales. Quant à la volonté européenne d’acheter davantage de gaz à la Russie car il est meilleur marché que celui des Américains, alors là…

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *