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L'ONERA et les terriens

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Il serait légitime de penser que l’ONERA (Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales) ne regarde qu’en l’air, comme son nom l’indique. Mais Bruno Sainjon, son PDG, explique que les recherches effectuées au sein du laboratoire, notamment dans les domaines de l’optique et du radar, ont des applications spécifiques pour les forces spéciales et le renseignement, les missiles, les drones et les hélicoptères … qui tombent souvent sous la houlette des forces terrestres.
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Lors d’une visite au siège de l’ONERA dans la banlieue sud-ouest de Paris organisée en début de semaine par le GICAT (Groupement des Industries Françaises de Défense et de Sécurité Terrestres et Aéroterrestres), Sainjon dit que la France et l’Allemagne mènent une réflexion pour créer une agence de recherche conjointe, à l’instar de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) du U.S. Département of Defense. Cette agence, créée en 1958, travaille pour les militaires sur des technologies émergentes en collaboration avec des partenaires universitaires, industriels et gouvernementaux. Elle n’emploie que 220 personnes, dont 100 directeurs de programmes. Selon le site web de la DARPA, ces personnes « extraordinaires qui sont au sommet de leurs métiers et qui ont envie de repousser les limites de leurs disciplines, travaillent généralement pour la DARPA 1200px-DARPA_Logopendant trois à cinq ans ». Cette échéance courte est la signature de DARPA. C’est ce genre d’agilité, de rapidité et cette vision que Sainjon recherche « car ce n’est pas en améliorant la bougie qu‘on a inventé l’électricité », plaisante t-il.
Parmi les projets de l’ONERA s’en trouve un dont le développement a duré 30 ans, ce qui est nettement plus que ce à quoi aspire Sainjon pour les projets à venir. C’est une pale d’hélicoptère dont la principale caractéristique est d’être beaucoup plus silencieuse que celles en service aujourd’hui. Elle pourrait équiper le future hélicoptère HIL H160 actuellement développé par Airbus Helicopters pour l’armée française. Les débuts de cette idée remontent aux années 1990; à la fin de cette décennie elle était passé du stade de science fondamentale à celui du développement potentiel d’un produit qui fut finalement breveté en 2010. « C’est un exemple type du bottom-up, c’est-à-dire un produit développé à partir d’une idée scientifique, plutôt que d’une approche top-down, c’est-à-dire d’une demande émanant de l’industrie », explique Sainjon.
L’ONERA s’intéresse aussi activement aux drones. Un partenariat a été établi avec l’Université Cranfield du Royaume-Uni, l’agence de recherche pour la défense suédoise FOI et le Applied Mechanics Lab de l’Université de Patras dans le cadre du projet EuroSWARM (dont nous avons parlé ici) pour développer des technologies clés permettant aux drones de travailler en coopération.
EuroSWARM
Un autre domaine du travail de l’ONERA qui intéresse directement les forces terrestres est la protection des véhicules et des soldats contre les tirs hostiles. La « signature », notamment infrarouge, de différents types de munitions doit être connue pour que des contre-mesures efficaces puissent être développées. Stéphane Langlois, ingénieur dans le secteur optique, explique que son département développe des modèles comportementaux de signatures infrarouges, faisant des simulations de l’intensité spectrale en fonction de la vitesse, etc. de différentes munitions car ces informations sont essentielles pour les spécifications des systèmes de détection des menaces. « C’est l’une des briques technologiques de Scorpion » dit-il. Scorpion est le programme de modernisation de l’armée française.
Un autre expert en ingénierie optique, Yann Ferrec, nous a parlé de SYSIPHE (SYstème Spectro-Imageur des Propriétés Hyperspectrales Embarqué), un système d’imagerie hyperspectrale aéroporté « dont l‘intérêt principal est de décamoufler » tout ce que l’ennemi tente de cacher. Il fonctionne en fusionnant les données obtenues à partir de trois instruments, le Sieleters-MWIR et le Sieleters-LWIR développés par l’Onera et le HySpex Odin 1024 pour le visible, le NIR (near infra-red) et le SWIR (short-wave infra-red) développé par les norvégiens FFI et NEO (Norsk elektro optikk). Ces trois instruments sont intégrés sur un avion Do-228 exploité par le centre aérospatial allemand DLR. La distance d’échantillonnage au sol est de 0,5 m sur une bande de 500 m avec une résolution plus élevée disponible dans le visible et le NIR. Cela signifie que chaque pixel de l’image représente 50 cm au sol au lieu de la norme actuelle de un ou deux mètres. « C’est intéressant pour pouvoir détecter des véhicules ou d’autres choses de cette taille », explique Ferrec.

L'avion Do-228 exploité par le centre aérospatiale allemand DLR à bord duquel se trouvent les senseurs Sieleters-MWIR et Sieleters-LWIR développé par l'ONERA et le HySpex Odin 1024 pour le visible, NIR et SWIR développé par les norvégien FFI et NEO (crédit photo: DGA)

L’avion Do-228 exploité par le centre aérospatiale allemand DLR à bord duquel se trouvent les senseurs Sieleters-MWIR et Sieleters-LWIR développés par l’ONERA et le HySpex Odin 1024 pour le visible, NIR et SWIR développé par les norvégiens FFI et NEO (crédit photo: DGA)

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