FOB Interview : le nouveau commandant du BG Picardie

Interview du Colonel Didier Gros, commandant du Battle Group Picardie

A l’heure où paraissent ces lignes, le colonel Gros, chef de corps du 1^er Régiment d’Infanterie de Sarrebourg, vient tout juste de prendre le commandement du Battle Group Picardie (forces françaises déployées en province de Surobi) en Afghanistan. A quelques heures de son départ de France (les propos ont été recueillis le vendredi 2 décembre), il a bien voulu consacrer quelques minutes  à ce Blog pour évoquer sa mission. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié.

Vous avez passé quelques jours en Afghanistan en septembre dernier. Avec quel objectif ?

J’ai passé une semaine en Surobi en septembre, avec une partie de mon état-major, dans le cadre d’une mission de reconnaissance. C’est une chose qui se fait systématiquement à chaque relève de GTIA. Cette mission m’a permis de prendre contact avec tous les échelons de commandement, à une période un peu particulière puisque le retrait de quelques unités entraine une réorganisation des GTIA français.

Il s’agira du premier déploiement du Felin (système combattant de l’armée de Terre) en opérations. Le fait de diriger un Battle Group « félinisé » a-t-il apporté une dimension particulière à ce déplacement ?

Nous avons fait le point avec les spécialistes sur les installations nécessaires aux équipements Félin sur place. Nous avons notamment participé à la validation des plans d’installation sur les FOB et les COP (Combat OutPost, poste de combat avancé). Pour l’instant les FOB Tora et Gwan sont les seules équipées de conteneurs permettant le stockage des équipements et la recharge des batteries. Mais nous serons également capables, le cas échéant, de mettre en place des équipements spécifiques sur les COP.

A partir de quel niveau la présence de ces équipements sera-t-elle nécessaire ?

La taille critique est la section : en deçà, la mise en place n’est pas rentable. Ce sont bien entendu les activités sur le terrain qui dicteront notre attitude.

Où en êtes-vous avec les rotations de personnels ?

La première VAM (vol militaire en Airbus de l’armée de l’Air) est partie mercredi dernier (30 novembre). L’avion emportait la cellule « Harpon » de l’Etat-Major et la compagnie logistique. La deuxième VAM est partie trois jours plus tard (samedi 3 décembre) avec le reste de l’Etat-major, dont moi même, et plusieurs sections.

Et pour la logistique ?

Tout le matériel collectif est parti pour l’Afghanistan début novembre. Les VAB KIV spécifiques à Félin sont pour la plupart déjà sur place et d’autres vont continuer à arriver. La manœuvre logistique se terminera courant décembre.

Devez-vous craindre les menaces pakistanaises sur la logistique de l’Otan ?

Non, parce que nos approvisionnements passent par d’autres sources que le Pakistan. Nous ne serons pas impactés par cette affaire.

Quand prenez vous le commandement de votre zone d’action ?

Le Battle Group Picardie prendra officiellement le commandement de sa zone d’action en fin de semaine. Nous disposerons alors d’environ 700 hommes « félinisés ». Tous sont très motivés et parfaitement entrainés, après un peu moins d’un an de Mise en Condition avant Projection (MCP).

Quelle situation vous attendez-vous à rencontrer en Surobi ?

Les mouvements et les opérations dans notre zone d’action se font maintenant essentiellement au rythme afghan, à l’exception bien entendu de nos propres opérations logistiques. Sur les modes d’action en particulier, nous avons quelques idées pour exploiter au mieux les capacités de Félin. En profitant bien entendu de nos capacités d’observation et de tir à longue distance, de jour comme de nuit. L’appui que nous pourrons fournir à nos camarades afghans n’en sera que plus efficace.

Vous allez travailler dans une zone sous contrôle américain. Ceux-ci ont-ils exprimé un intérêt particulier pour ce premier déploiement de Félin ?

Les Américains sont informés sur Félin et ils sont assurément intéressés par nos équipements. Je sais d’ores et déjà qu’ils vont profiter des missions que nous mènerons en commun pour voir le système en action et se faire leur opinion. Des visites d’autorités sont également à prévoir…