Suite et fin de l’interview de Morgan Ossola sur la démarche « Concept Vision » de MBDA
Quelles capacités opérationnelles prêtez-vous à Hoplite ?
Nous avons imaginé deux missiles distincts, le Hoplite S et le Hoplite L. Mais les deux auront le même gabarit, des masses comparables et pourront être intégrés indifféremment sur un même lanceur. Le Hoplite S sera relativement basique et pourra être tiré dans des engagements simples ou supportés par une tierce partie (JTAC, drone, avion…). Avec le Hoplite L, on offrira une capacité d’imagerie autonome avancée, avec une liaison de données bidirectionnelles permettant de garder l’homme « dans la boucle » sous certaines conditions. Et en plus des deux missiles, on a imaginé un système de contrôle de mission perfectionné permettant d’optimiser l’emploi des missiles.
Quelle sera la portée du missile ?
Les deux missiles, S et L, seront disponibles pour des application terrestre ou marine, avec des portées équivalentes : 70 km en suivi de terrain ou 160 km en altitude, si l’espace aérien le permet.
Pourquoi 70 kilomètres en basse altitude ?
Des différents scénarios d’emploi envisagés, le plus dimensionnant est le tir de contre-batterie. On nous a donc demandé cette portée pour dépasser largement l’allonge des canons « classiques » de 2035. Les 60 km devant être parcourus en moins de 2 minutes, le missile sera supersonique pendant son vol. Les 160 km en altitude doivent permettre aux navires de tirer contre des sites sol-air ennemis en restant hors de vue des systèmes de défense côtière.
Quel système de propulsion envisagez vous pour obtenir une vitesse supersonique et une telle portée ?
L’éjection du tube se fera avec un piston et nous avons privilégié le concept de « turbo fusée » pour le vol de croisière. C’est un système hybride, aérobie mais à propergol solide, qui comprend une chambre de combustion intégrant un accélérateur à poudre. La puissance est pilotable pour permettre une croisière supersonique mais avec une arrivée sur la cible en subsonique pour laisser éventuellement le temps d’intervenir à un opérateur.
Et pour la charge militaire ?
On veut pouvoir viser des cibles très différentes comme un blindé ou une équipe mortier. Nous pensons utiliser une pénétrateur cinétique accéléré : une bonne maitrise de la hauteur d’impact donne un cône létal très resserré, limitant les risques de dommages collatéraux.
Quelles autres technologies mettez vous en avant pour Hoplite ?
Le missile sera équipé d’un Ladar (NDA : radar fonctionnant avec un laser plutôt qu’avec les ondes radio)permettant de remplir plusieurs fonctions : altimétrie, désignation de la cible, fusée de proximité et même imagerie très basique pour le Hoplite S, de manière à compenser les erreurs de navigation. Le Hoplite L disposera d’un senseur trimode très robuste pour la désignation d’objectif.
A quoi vous sert aujourd’hui ce projet ?
Notre premier objectif est de le présenter au salon du Bourget, en particulier pour avoir des retours de ses utilisateurs potentiels. D’un point de vue purement technologique, nous avons pu identifier certaines choses qui vont entrer dans les feuilles de route technologiques de MBDA. Les études pourront se poursuivre sur certaines idées…
L’exercice est-il à présent terminé pour vous ?
Non ! Après le salon du Bourget, nous allons communiquer en interne sur Hoplite. Puis nous allons capitaliser sur les connaissances acquises au profit des études amont et des responsables des prochains « Concept Visions », pour les aider à mener à bien leurs projets.