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Le gouvernement britannique se déchire sur le budget de défense

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Il se passe quelque chose de l’autre côté de la Manche. Depuis maintenant une semaine, une certaine passe d’armes se déroule au sein du gouvernement britannique sur la question du budget de défense. Ces tensions, qui ne sont pas sans rappeler celles qui ont vu la démission du général De Villiers en France l’an passé, opposent la Première ministre Theresa May et le Secrétaire d’État à la Défense. Ce dernier, réclamant des dizaines de milliards supplémentaires pour les forces armées a reçu un camouflet de May qui est elle attaquée depuis qu’elle a refusé de promettre une armée de premier rang au Royaume-Uni.
 

Theresa May et son Secrétaire d'État à la Défense, Gavin Williamson (Crédits : PA Images)

Theresa May et son Secrétaire d’État à la Défense, Gavin Williamson (Crédits : PA Images)


 
Gavin Williamson était reconnu comme l’un des plus précieux alliés de Theresa May (il a dirigé sa campagne en 2016), aujourd’hui il se pourrait qu’il devienne l’un de ses premiers opposants et ce, au sein même du cabinet ministériel. Certains l’accusent même de profiter des tensions sur le budget en déstabilisant son propre gouvernement – conservateur – dirigé par Theresa May pour nourrir ses propres ambitions de pouvoir. Si l’homme politique de 42 ans poursuivait réellement ce dessein – faire chuter May pour prendre le lead du parti conservateur – il se révèlerait alors comme un brillant tacticien et cette image de Winston Churchill nouvelle génération, que certains observateurs veulent lui coller, ne le quitterait plus.
 
Bref, il s’agit au moins pour lui d’obtenir des crédits supplémentaires pour les forces armées britanniques, peut-être sans aucune arrière pensée carriériste, mais si il ne les obtenait pas il pourrait bien démissionner. Bien que plusieurs hommes politiques conservateurs, même proches de Williamson, admettent que May a déjà fait beaucoup pour le budget de défense (en obtenant une rallonge de 800 millions de Livres auprès du Trésor), d’autres, comme Johnny Mercer, s’opposent directement à elle depuis qu’il l’a « mise au défi » de s’engager à ce que la Grande-Bretagne reste une puissance de premier rang (les Britanniques utilisent l’expression Tier One qui décrit une puissance totalement autonome et puissante sur tous les volets militaires, indépendamment donc de toute organisation internationale, comme l’Union Européenne) et qu’elle a alors préféré répondre « Je suis absolument engagée à ce que ce pays reste une puissance militaire. »
 
Entre les deux personnalités politiques, l’orage a éclaté à propos du plan de modernisation des forces armées à l’horizon 2030 commandé par May à Williamson. Selon la presse britannique, la Première ministre n’était pas « contente » des plans initiaux de Williamson, que certains observateurs auraient qualifié de plus appropriés pour faire face aux menaces qui menaçaient le pays « il y a 20 ou 30 ans ». Theresay May, et Philipp Hammond, chargé du Trésor, demandent en fait à Williamson de tempérer ses exigences, jugées irréalistes par certains, le gouvernement britannique ne pouvant se permettre de telles dépenses, proposant alors de se concentrer sur les investissements d’avenir comme dans la cyberdéfense plutôt que sur des programmes d’acquisitions « coûteux » réclamés par les chefs d’état-major des trois armées britanniques.
 
Williamson quant à lui, semble plutôt vouloir enclencher une « remontée en puissance » des forces armées d’outre-Manche qui nécessiterait alors d’atteindre les 3% de dépenses du PIB pour la défense. Il lui a donc été rétorqué que la Défense ne bénéficierait pas du même cadeau fait au National Health Service, sorte de Sécu britannique, qui verra son budget augmenté de 20,5 Mds £ (23 Mds €) – exactement ce qui est demandé par Williamson pour atteindre les 3%. May a alors ordonné à son Secrétaire d’État de retourner à la place qui est la sienne et de se contenter de faire ce qui lui avait été demandé : à quoi doit ressembler l’armée britannique en 2030 (avec le budget habituel).
 
En clair, nos amis britanniques craignent le déclassement de leur puissance militaire, leur volonté d’autonomie politique n’est peut-être pas réalisable sur le plan militaire tant elle exige d’efforts budgétaires, c’est en tout cas l’avis du Trésor britannique. Bien que les derniers communiqués du cabinet de Williamson vont vers une réconciliation avec Theresa May, l’opposition Travailliste, dirigée par Jeremy Corbyn n’a pas tardé de sauter sur l’occasion pour s’en prendre à la politique de la Première ministre, menaçant alors de ne pas voter en faveur du prochain budget de défense si Williamson n’obtenait pas les crédits nécessaires à une armée de premier rang.
 
À suivre, avec le prochain sommet de l’OTAN dans moins de deux semaines avant lequel Williamson a été sommé de ne pas publier son plan ambitieux qui risquerait de trop plaire à quelques poids lourds internationaux comme… Donald Trump.

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