Le défilé de la Victoire du 9 Mai 2015 : la puissance militaire russe de retour à l'avant-scène

La plus grande parade militaire de l’Histoire de la Place Rouge s’est déroulée le 9 mai 2015 à Moscou
Moscou a accueilli un défilé militaire historique en l’honneur du 70e anniversaire de la fin de la Grande Guerre patriotique (nom donné en Russie à la Seconde Guerre mondiale). Sur les pavés de la Place Rouge ont défilé divers équipements et systèmes d’armes, mais aussi plusieurs milliers de soldats russes ou de pays invités. La parade a été l’occasion pour la Russie de dévoiler ses tous derniers véhicules blindés, les dernières versions des équipements en service, des hélicoptères et des avions – et les pilotes ayant même dessiné le nombre 70 dans le ciel avec leurs appareils. Le défilé a montré au monde la nouvelle puissance militaire russe, selon les médias internationaux.

La parade de 2015 a été l’une des plus grandes depuis 1945 de par ses dimensions, et certainement l’une des plus ambitieuses de l’histoire moderne russe. Elle a commencé à 10 h et s’est terminée à 11 h 20. Elle était composée de 15 000 participants, de 200 véhicules terrestres et de 150 avions et hélicoptères.
 
Comme invités d’honneur, la Place Rouge a accueilli plus de deux mille vétérans, les dirigeants russes, dont le président Vladimir Poutine, et les dirigeants de nombreux pays tels que : la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Serbie ou encore l’Inde. L’absence de la France a été remarquée et a suscité une remarque éloquente de Poutine : « Nous avons eu les invités que nous voulions », ce qui en dit long sur les séquelles de l’annulation de la vente des porte-hélicoptères français (BPC) à la Russie.

Le déroulement de la parade se divise en trois parties : la première est le défilé des différentes unités issues des différentes armes de l’armée russe sur le pavé de la Place Rouge, la deuxième est le passage des véhicules à roues et à chenilles, et la partie finale est celle du survol de la Place par l’aviation. Les principales chaînes de télévision ont effectué une retransmission en direct de la parade.
 
La parade militaire commença par un discours de Poutine sur la comparaison du danger du fascisme avec la résurgence de la division du monde en « blocs »
 
À 10 heures, le défilé a commencé par l’hymne nationale russe. La chanson « la guerre sainte » a accompagné la présentation de deux symboles de la Russie sur la Place Rouge – le drapeau actuel du pays et la légendaire Bannière de la Victoire de la Grande Guerre patriotique (1941-1945), remontant à l’époque à la parade emmenée par le Maréchal Joukov.
 
Ensuite, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou est apparu sur la Place dans une voiture décapotable. Choïgou a inspecté les rangs, félicité les personnalités présentes et a rejoint le président et commandant suprême, Vladimir Poutine, au rapport.
 
Poutine a ensuite tenu un discours. Il a commencé en évoquant « nos pères et grands-pères qui avaient été en mesure de vaincre et détruire cette force obscure – le fascisme (…). Le pari d’Hitler est devenu une leçon terrible pour la communauté mondiale tout entière. Dans les années 1930 du siècle dernier, l’Europe des Lumières n’a pas immédiatement vu de menace mortelle dans l’idéologie nazie. Et maintenant, 70 ans plus tard, l’histoire fait une fois de plus appel à notre raison et à notre vigilance. Nous ne devons pas oublier que les idées de supériorité raciale et l’exclusion ont conduit à la guerre la plus sanglante », a-t-il rappelé, ajoutant que la guerre « avait impliqué près de 80 % de la population mondiale, et avait asservi et mené à l’occupation de nombreux États d’Europe », et que « l’Union soviétique avait pris sur elle le poids de l’attaque principale ».

« L’Union soviétique a été l’objet de la concentration de toute la puissance militaire et de l’élite des forces nazies, de la plus grande quantité de troupes et de matériel, et des batailles décisives de la Seconde Guerre mondiale » – a-t-il rappelé.
 
« Ce sont en particulier l’Armée rouge et le peuple soviétique qui apportèrent une contribution décisive à la victoire, et il était donc logique que les troupes soviétiques prennent Berlin », dit le président russe, tout en mentionnant la contribution à la victoire des Français, des Britanniques et autres Alliés.
 
En outre, le président a fait un parallèle entre les 70 ans de l’événement célébré avec les enjeux contemporains : « Nous avons vu les tentatives faites pour créer un monde unipolaire. Nous observons comment la pensée par “blocs” prend actuellement de l’ampleur. Tout ceci sape la viabilité du développement mondial », a déclaré M. Poutine. Par conséquent, « notre objectif commun doit être le développement d’un système de sécurité égal pour tous les États, adéquat aux menaces modernes, et non pas construit sur une logique de blocs, régionale et mondiale ».
 
Par ailleurs, le président a noté la contribution de la Chine, qui, comme l’URSS, a souffert pendant la Seconde Guerre mondiale de millions de victimes, en devenant « le front principal de la lutte contre le militarisme en Asie », ainsi que celles de la Mongolie, et de la Serbie.
 
Pour terminer son discours sur la Place Rouge, le président russe a observé, pour la première fois dans l’histoire de ces défilés, une minute de silence. Chaque année, depuis 1965, une minute de silence était observée dans tout le pays, chaque 9 mai à 19 h, heure de Moscou.