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L'Alat en Libye, quatrième partie

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Les Tigre chassent la nuit

Le nombre de Tigre livrés à l’Alat et aptes aux opérations a limité de facto le nombre d’appareils embarqués sur le BPC : il n’y en eut que deux pendant toute l’opération Harmattan. La marge de manœuvre du Groupe Aéromobile était donc nulle lorsqu’il s’agissait de lancer deux Tigre au sein de chaque raid. L’importance de l’hélicoptère de combat était telle que si un appareil avait été indisponible, l’autre serait tout de même partie, mais toujours avec le soutien rassurant du Puma Imex…

Après les opérations afghanes, l’emploi des Tigre en Libye a permis de prouver la valeur de l’hélicoptère sur un terrain que l’on pensait suprêmement dangereux pour les hélicoptères. Les Tigre disposaient des kits « opex » de blindages additionnels bien visibles sur les flancs du fuselage. Si ces blindages ont déjà fait la preuve de leur utilité en Afghanistan en arrêtant du plomb, l’Alat explique en revanche que pas un seul impact ne fut relevé sur ses appareils pendant toute la durée de l’opération libyenne. Les équipages ont tout de même observé de nombreux tirs d’armes légères (lancé contre eux au jugé, dans le noir) ainsi que des tirs de missiles portables. En conséquence, les Tigre ont été amené à leurrer les menaces, le record étant semble-t-il détenu par un équipage ayant tiré six séquences de quatre leurres dans la même nuit. Le leurre fait son office, mais il a le regrettable défaut d’éclairer brillamment l’hélicoptère tireur et de lui faire perdre pendant quelques secondes la protection de l’obscurité. L’Alat rapporte également une seule illumination laser détectée par un Tigre pendant l’opération, sans que son origine précise ait pu être déterminée. Forces ennemies, forces spéciales de l’Otan au sol ou illumination venue du ciel ?…

En place avant, le pilote s’occupe donc du déplacement de l’hélicoptère. Il dispose des JVN associées à son casque Topowl et d’une recopie du viseur thermique sur un écran. Les nuits de niveau 5 menant la vie dure aux JVN, seul l’horizon se distingue à peu près bien. Malgré cela le pilote jette toute son attention dans l’observation de son environnement, glissant des coups d’œil rapides vers son instrumentation pour vérifier son attitude et sa position. Le pilote bénéficie également d’une recopie sur écran de la caméra thermique installée dans la tourelle Strix. Mais cette caméra est sous le contrôle du chef de bord, qui scanne continuellement le terrain de part et d’autre de l’hélicoptère. La vue présentée sur l’écran du pilote correspond donc rarement au déplacement de la machine et il est impossible pour le pilote de s’y raccrocher en permanence. Reste le dialogue sur l’interphone de bord (à défaut de pouvoir parler avec les mains comme cela se pratique dans les Gazelle). Les échanges entre les deux membres d’équipage sont constants : le pilote demande des précisions sur ce qui se profile devant, le chef de bord lève les doutes. Il signale les obstacles dangereux, et en particulier les lignes électriques. Le pilote signale les départs de coups visibles aux JVN. La possibilité de rallier le viseur sur ce que voit le pilote grâce au viseur de casque Topowl est plébiscitée par les équipages et reste un atout fort du système d’arme du Tigre.

Un autre atout opérationnel tient à la capacité d’emport de l’hélicoptère, ce qui se traduit en puissance de feu et en endurance. Pendant Harmattan, les Tigre partaient systématiquement avec les pleins complets en carburant et un maximum de munitions : 450 obus et 44 roquettes réparties en deux paniers. L’autonomie offerte (environ deux heures sur zone) et la quantité de cibles sur le terrain ont fait que les munitions filaient en général plus vite que le carburant. A noter que les hélicoptères repartaient systématiquement vers le BPC en gardant une réserve de plusieurs dizaines d’obus, pour faire face en cas de mauvaise rencontre. 

Les roquettes ne sont équipées à ce jour que de charges anti-personnels et elles sont surtout servi à faire baisser les têtes ou bien au contraire à faire réagir l’ennemi pour qu’il se dévoile. C’est ce qui est arrivé semble-t-il au cours du premier raid, lorsqu’un tir de roquette à réveillé des batteries de 23mm qui furent dans les minutes suivantes « traitées » par les Gazelle. Un épisode intéressant tient à l’emport et à l’utilisation du missile anti-aérien Mistral par le Tigre.  Il semble que les missiles n’aient pas été montés au début des opérations. Mais l’annonce par les services de renseignement que plusieurs Mi-35 restaient peut-être en état de vol poussa l’Alat à équiper les deux Tigre des missiles air-air. Ceux-ci furent par la suite démontés quand la menace Mi-35 s’éloigna. Des sources concordantes font aujourd’hui état de l’utilisation de l’utilisation d’au moins trois missiles Mistral dans un mode air-sol. Un missile aurait été tiré contre un générateur, un autre contre un check point et le troisième contre un pick up lancé à pleine vitesse qui aurait échappé à un tir de missile Hot en raison d’un défilement angulaire trop rapide. Un tel emploi n’est pas vraiment une nouveauté : des expérimentations menées à Captieux à la fin des années 90 avait permis de tirer le Mistral sur des chars de combat dont la signature thermique du moteur était simulée. Le missile ne détruisait pas le char, mais il endommageait suffisamment le moteur pour l’immobiliser.

Plus traditionnel, le canon Nexter de 30mm a été très largement utilisé contre une grande variété de cibles, le plus souvent avec de brèves rafales de cinq coups. Beaucoup de pick-up détruits, mais également, contre le montre une vidéo ramenée par un équipage de Tigre, des T-72 dissimulés dans une palmeraie. Les coups au but du canon font voler toutes les antennes des chars, détruisent leurs optiques de visée et surtout signalent les blindés aux Gazelle qui arrivent pour les achever à coups de HOT. Si l’Alat montre volontiers les enregistrements vidéo de ses coups au but, on peut toutefois imaginer que tous les obus n’allèrent pas sur leurs cibles. L’emploi du canon exige en effet de la dextérité et de l’expérience de la part du tireur et une bonne harmonisation de l’arme avec le viseur.

A suivre…

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2 Commentaires

  1. Pierre 11 décembre, 2011

    Bonjour,
    Disposez vous d’un lien vers cette fameuse vidéo de tir canon sur les T-72 ?

    Répondre
    1. FOB admin 22 décembre, 2011

      Bonjour,
      Cette vidéo n’a pas été rendue publique.
      Cordialement,
      FOB

      Répondre

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