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La ligne d’assemblage final des Griffon belges sort de terre

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La chaîne d’assemblage d’où sortiront les véhicules blindés Griffon belges a été inaugurée ce mardi en région flamande. Un pas important dans la conduite du partenariat franco-belge Capacité Motorisée (CaMo) et dans le développement de la filière de défense locale. 

Un jalon structurant

Staden n’avait sans doute jamais accueilli autant d’ « étoiles » en simultané. C’est dans cette petite commune du nord-ouest de la Belgique qu’a été inaugurée la future ligne d’assemblage final des Griffon belges construite par Mol Cy. Un résultat tangible de la collaboration établie par cette entreprise flamande avec KNDS France et un jalon majeur franchi en présence de la ministre de la Défense belge, Ludivine Dedonder, de l’ambassadeur de France, François Sénémaud, de généraux, d’officiers et d’industriels français et belges impliqués dans le partenariat CaMo. 

La totalité des 382 Griffon destinés à la Composante Terre, acquis en 2019 et déclinés en 10 variantes, sortiront de ce site aujourd’hui en construction. Voire un peu plus, car les 24 Griffon MEPAC dont la commande était avalisée fin 2023 sont venus s’ajouter à l’accord de coopération signé en 2022 par les deux entreprises, précisait le co-PDG de Mol Cy, Lieven Neuville. Quelque 7 M€ ont été investis par sa société pour atteindre l’objectif fixé, celui du lancement de l’assemblage d’un premier Griffon le 5 janvier 2025.

Investir dans cette infrastructure et dans les savoir-faire associés, c’est donner « le bon exemple », déclarait en préambule la ministre de la Défense belge. Partisane d’une filière de défense belge forte, celle-ci a applaudi « un investissement important pour la société Mol, mais également un investissement important pour notre pays, car nous augmentons ainsi la capacité et l’autonomie stratégique de notre pays ». 

Représenté par l’ambassadeur de France, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a pour sa part salué une nouvelle étape qui « confirme la qualité de la coopération entre nos deux armées de Terre. Je remercie la Belgique pour sa confiance, qui permet une collaboration exemplaire et bénéfique aux entreprises belges et françaises. La qualité de la relation avec la ministre Ludivine Dedonder permet d’avancer concrètement sur nos projets conjoints ».

Lancé il y a près de six ans, le partenariat CaMo avait déjà trouvé des déclinaisons opérationnelles, doctrinales, ainsi qu’en matière de formation et d’entraînement. Son extension au domaine industriel résonne comme une véritable réussite pour « deux entreprises qui ne se connaissaient pas, qui n’avaient pas de raisons de le faire a priori et qui pourtant le font avec des échanges croisés, avec des ateliers qui sortent de terre et des gens qui vont travailler ensemble », a estimé le patron de KNDS France, Nicolas Chamussy. 

Assembler jusqu’à neuf Griffon par mois

Ce qui se résume actuellement à quatre murs et un toit sera transformé d’ici octobre en un outil industriel flambant neuf, création de 25 emplois à la clef. L’ancienne serre horticole laissera alors place à un bâtiment de 5500 m2, dont 4000 seront consacrés au Griffon. Celui-ci parviendra jusqu’en Belgique sous la forme d’une base roulante conçue sur le site de Roanne de KNDS France et assortie d’un ensemble de kits. 

Longue de 125 mètres, cette future ligne accueillera plusieurs stations successives sur lesquelles seront intégrés les kits communs ou spécifiques à chaque version, les tourelleaux téléopérés T1b et T2b produits par FN Herstal et la vétronique fournie par Thales. Suivront des essais statiques avant de basculer sur la mise en peinture du véhicule. Le site sera également doté d’une piste pour la conduite d’essais dynamiques. 

Crédits image : Gert-Jan D’haene / La Défense

Une fois assemblé, chaque véhicule sera soumis à une première série d’opérations de vérification (OV) conduites en usine en coordination avec KNDS et la Direction générale de l’armement (DGA). Une seconde phase d’OV se déroulera sur un site étatique belge. Engagée l’an prochain, la production augmentera graduellement d’ici à fin 2026. De 2027 à 2031, jusqu’à neuf Griffon sortiront tous les mois du site de Mol Cy.

« Un véritable transfert de technologie est en cours », explique Lieven Neuville. À l’automne prochain, une équipe de Mol se rendra à Roanne pour y suivre de visu un cycle de production désormais bien rôdé. À l’inverse, une équipe de KNDS France viendra soutenir le lancement des activités sur le site flandrien. 

La manoeuvre permet au passage de réacquérir des compétences depuis longtemps disparues dans l’écosystème belge. « Il n’y a pas de Défense forte sans une industrie forte derrière », déclarait à ce titre Ludivine Dedonder, dont le mandat aura vu le lancement d’une « Defense, Industry and Research Strategy » (DIRS), stratégie de renforcement de la BITD belge dotée de 1,8 Md€ d’ici à 2030. 

Des compétences à pérenniser

« Ce qui se passera ensuite dans ce nouveau bâtiment n’est pas encore fixé, mais les entreprises KNDS et Mol mettront tout en oeuvre pour assurer la réussite du projet CaMo 1 et créer une bonne référence pour continuer notre partenariat avec les projets suivants », ambitionne le CO-PDG de Mol Cy.

Se pose en effet d’ores et déjà la question de la pérennisation de la chaîne, ce que plusieurs perspectives sont susceptibles d’assurer. « Le programme CaMo va en effet au-delà des 382 véhicules qui seront prochainement assemblés à Staden. Nous avons également récemment ouvert la porte au partenaire luxembourgeois », relèvait le chef de la Direction générale des ressources matérielles (DGMR) de la Défense belge, le lieutenant-général Frédéric Goetynck.

Le partenaire luxembourgeois progresse en effet dans la modernisation d’un parc blindé nécessaire pour la construction d’un bataillon de reconnaissance binational conjointement avec la Belgique. Misant à son tour sur les véhicules SCORPION, le gouvernement luxembourgeois s’apprête à soumettre le projet de loi de financement permettant de cadrer et de planifier l’investissement le plus important jamais consenti pour sa défense. 

La trajectoire de CaMo reste par ailleurs étroitement liée à celle de son corollaire français, SCORPION. « Nous définissons nos incréments capacitaires en commun. Il y a déjà des capacités que nous sommes en train de définir ensembles. Ces équipements donneront lieu à de prochaines acquisitions », rappelait l’ingénieur général de classe exceptionnelle de l’armement Thierry Carlier, directeur général adjoint de la DGA. Des équipements dont certains sont déjà identifiés. 

« Dans la mesure où les besoins matériels futurs s’élargissent et se développent sur base de l’accord franco-belge actuel, il serait souhaitable qu’ils puissent se concrétiser en s’appuyant entre autres, sur cette nouvelle infrastructure », note le chef de la DGMR. Le Serval, notamment. Une fois matérialisée, l’acquisition de ce « petit frère » du Griffon pourrait naturellement s’accoler au processus industriel transfrontalier maintenant établi. Derrière, Bruxelles et Paris progressent sur le dossier du véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE). Un effort en phase de démarrage mais qui, s’il s’avère concluant, participerait à conforter l’entame d’autres projets communs, dont celui de l’engin du génie de combat. 

Crédits image : KNDS France

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