En visite à Chișinău ce lundi, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a jeté les bases d’un nouveau partenariat de défense entre la France et la Moldavie. Un rapprochement qui se matérialise, entre autres, par la consolidation de la défense sol-air moldave.
Voisine de l’Ukraine, la république moldave est directement affectée par le conflit qui y est en cours avec la Russie. Sa région de Transnistrie héberge encore quelque 2000 militaires russes à Tiraspol. Sous pression de la part de la Russie, la Moldavie privilégie désormais de coopérer davantage avec l’OTAN et l’Union européenne pour renforcer et moderniser ses forces armées.
Fruit d’un travail entamé il y a plusieurs mois, ce « déplacement historique » se voulait fondateur d’une « coopération beaucoup plus forte, concrète et fondamentalement tournée vers la protection de votre souveraineté et la stabilisation de la Moldavie », soulignait Sébastien Lecornu. Déjà active dans la région via les missions Aigle et de police du ciel, la France souhaite « désormais aider la république de Moldavie à constituer cet appareil de défense ».
Cette rencontre sur le sol moldave, la première pour un ministre des Armées français, « représente un message fort selon lequel la France a été et est un partisan des initiatives et des projets de modernisation du secteur de la défense et des réformes démocratiques de notre pays, ainsi qu’un promoteur du parcours européen de la République de Moldavie », déclarait le ministre de la Défense moldave, Anatolie Nosatîi.
Le premier enjeu de cette coopération, « c’est évidemment le dialogue stratégique entre les deux capitales », pointait le ministre des Armées. Ce lien se concrétisera de plusieurs façons. D’une part, par un accord de défense dont les fondations ont été posées ce lundi par la signature d’une lettre d’intention. Appelé à être signé « le plus tôt possible », cet accord permettra « d’avancer, de construire une méthode et de mettre des moyens ». Et d’autre part, l’initiative se traduira par l’ouverture d’une mission de défense permanente au sein de l’ambassade de France à Chișinău. À sa tête, une lieutenant-colonel pour l’instant active depuis Bucarest.
Derrière, Paris entend appuyer l’armée nationale moldave de plusieurs manières. La premier relève de la formation. « Nous allons lancer un programme de formation partagé qui peut comprendre de l’accueil dans les académies en France, de l’accueil par nos troupes qui sont présentes en Roumanie, et puis évidemment la présence d’officiers français, le cas échéant, dans vos états-majors », détaillait le ministre des Armées.
La France agira ensuite en faveur de la modernisation d’une armée nationale moldave dont le matériel date majoritairement de l’ère soviétique. Plusieurs voies sont envisagées, à commencer par la cession d’équipements sortis des stocks français. « Nous allons notamment le faire sur des équipements individuels pour le combattant, notamment des fusils [d’assaut] », annonçait Sébastien Lecornu.
Mais la principale menace vient du ciel. Le pays a connu plusieurs incidents depuis février 2022, tous résultants d’attaques de drones ou de missiles russes visant les territoires ukrainiens limitrophes. « Nous voyons que la menace est sur toutes les couches, de la lutte anti-drones jusqu’à la protection des espaces les plus importants », pointait Sébastien Lecornu. Le dialogue en construction s’accompagne donc également de la réalisation d’un audit complet de la défense sol-air moldave, construite essentiellement autour d’un unique régiment de missiles anti-aériens.
Ce diagnostic devrait, entre autres, permettre d’identifier les besoins en équipements neufs. Un effort de modernisation permis par la trajectoire budgétaire défendue par le ministre Nosatîi et par la Facilité européenne pour la paix (FEP), mécanisme auquel la France est le premier contributeur et à travers lequel 87 M€ ont été alloués à la reconstruction de la défense moldave depuis 2021.
Cette transformation de son bouclier anti-aérien, la Moldavie l’a entamée dès ce lundi par l’officialisation de l’achat d’un radar GM200 auprès de Thales, système de défense aérienne qui a fait ses preuves en Roumanie et en Ukraine. Sa livraison interviendra « bientôt, avant Noël », précisait Sébastien Reconnu.
« C’est une étape importante dans nos efforts pour assurer la sécurité de l’espace aérien, mais aussi dans le contexte de l’évolution du partenariat franco-moldave, » a commenté Anatolie Nosatîi. Ce radar ne sera en effet pas de trop, « parce que l’on sait que c’est la bataille qu’il faut mener dans un pays comme la Moldavie en ce moment », soulignait son homologue français.
D’autres équipements ont été et seront proposés dans ce segment, indiquait le ministre français sans davantage de détails. Et la logique s’étendra aux équipements terrestres, « puisque là aussi vous avez fait des choix de remontée en puissance de votre armée de Terre sur lesquels nous sommes en mesure de vous accompagner », concluait Sébastien Leconu.
Crédits image : ministère des Armées